A fleur de Corail

Patate de corail et poissons dans le lagon - © AntoinePatate de corail et poissons dans le lagon - © AntoinePatate de corail plate appelé acropora - ©AntoineBénitier ancré dans une patate de corail - © AntoineCoraux dans un lagon au Tuamotu - © Tim Mckenna.comCorail rose - © AntoinePatate de corail et poissons dans le lagon - © AntoineCorail dans un lagon du Pacifique sud - © Grégory BoissyPatate de corail et poissons dans le lagon - © AntoineRécif corallien pris en plongée - © Tim Mckenna.comFormation de corail - Ile de Polynésie française
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Malgré le réchauffement planétaire, les récifs coralliens entourant les lagons de Polynésie font preuve d’une grande ténacité. Plonger dans les lagons de ces îles lointaines vous donnera l’occasion d’admirer les nombreuses jeunes pousses étincelantes renaissant sur des récifs que l’on craignait détruits.

Par Antoine

Dans toutes les régions tropicales du monde, où le corail a élevé ses barrières, les anneaux enchantés de ses atolls et les riches écosystèmes de ses récifs côtiers, partout, les récifs coralliens sont en danger. Ils souffrent de l’élévation de la température des océans et de ses conséquences indirectes : cyclones plus nombreux, plus destructeurs, comme Oli, qui a récemment ravagé certains récifs côtiers des îles hautes de la Polynésie française, prolifération de prédateurs, tels l’Acanthaster (une étoile de mer géante connue en Polynésie sous le nom de Taramea) ou les algues (la turbinaria qui envahit certains lagons et qui semble véhiculée par des radeaux de plantes dérivant avec les courants ). Et puis, il y a le développement humain, l’augmentation de la population… Certaines régions du monde, comme la Malaisie, ont récemment fermé pour plusieurs années une partie de leurs sites de plongée.

Corail rose - © Antoine
Patate de corail et poissons dans le lagon - © Antoine
Patate de corail et poissons dans le lagon - © Antoine

Un délicat équilibre

La vie et la croissance du corail sont le fruit d’un délicat équilibre entre le polype corallien et les algues microscopiques avec lesquels il vit en symbiose, et qui lui apportent la nourriture nécessaire à son développement. Qu’un prédateur de ces algues se développe, et le corail ne peut plus croître. Le CRIOBE, Centre de Recherches Insulaires et Observatoire de l’Environnement, basé dans l’île de Moorea, suit attentivement l’état du corail en Polynésie française, mais aussi, dans le cadre du réseau Polynesia Mana, dans les archipels de Wallis et Futuna, Kiribati, Niue, Tonga, Cook, Tokelau, Pitcairn. Julie Petit, Ingénieur d’Etude pour le World Fish Center et pour Reefbase Polynésie, confirme : “En Polynésie française, les récifs coralliens restent globalement en bonne santé et ne sont pas encore touchés par les phénomènes de changement climatique. Les vrais problèmes concernent les pollutions locales : ces problèmes environnementaux sérieux ne concernent que les îles les plus peuplées de l’archipel des îles de la société dont les récifs frangeants notamment sont en mauvais état. Les autres îles, soit la majorité des 118 îles du territoire, en raison de densités de populations humaines faibles et malgré l’absence de gestion raisonnée, ont des récifs sains. L’état de vitalité est régi essentiellement par les facteurs naturels, qui rythment l’abondance et la diversité des espèces, en général sur des cycles dont la période est de l’ordre de 2 à 3 décennies”.

Corail violet - © Antoine
"Snorkeling", plongée avec tuba dans le jardin de corail à Taha'a Tim-Mckenna.com

Jeunes pousses de corail

Pour leur part, les récifs coralliens de Polynésie française, s’en tirent bien. S’étendant sur près de 12 800 km2, ils ont eux aussi souffert de l’élévation de la température de l’eau. Lorsque, après un tour du monde à la voile sur mon catamaran Banana Split, j’ai atteint à nouveau les îles Gambier en 2002, des chercheurs venaient de constater la mort d’une grande proportion de corail de ce petit archipel peu connu, situé tout au bout de l’immense archipel des Tuamotu.
Et pourtant, au fil des années, au cours de mes plongées – je nage presque quotidiennement dans les lagons des îles les plus préservées – j’ai eu le bonheur de constater la remarquable vivacité du corail polynésien. Sur des massifs qui semblaient à jamais sans vie, et où les acropora (« table coral » en anglais) morts avaient pris l’allure de désolants fantômes, j’ai vu repousser, de plus en plus nombreuses, de jeunes pousses de corail de toutes espèces, formes et couleurs. Je ne suis pas un scientifique, juste un amoureux de la nature, dont les manifestations sous-marines me plaisent particulièrement. Il me suffit de plonger à quelques mètres de profondeur dans les lagons et les passes des îles lointaines pour m’émerveiller de la ténacité de cette minuscule créature animale, le polype corallien, qui construit sans relâche, jour après jour, ces volumes tourmentés, sphériques, plats, ciselés comme des candélabres ou semblables à des fleurs gigantesques…

Patate de corail et poissons dans le lagon - © Antoine
Récif corallien pris en plongée - © Tim Mckenna.com

Un message d’optimisme

Il s’agit bien de cycles… Si, globalement, nous nous acheminons vers une aggravation de la situation du corail dans le monde, le récif corallien polynésien, loin des parties trop développées des îles hautes, reste une merveille pour le visiteur qui s’aventure en milieu corallien. Pour ma part, aux Tuamotu, aux Gambier, aux Australes (j’ai même eu l’occasion de plonger dans le lagon de l’atoll de Mururoa : jamais pêchée depuis très longtemps, sa faune sous-marine est extrêmement riche), je ne me lasse jamais d’admirer l’imagination dont fait preuve la nature en créant ces formes extraordinaires et ces couleurs improbables. Si vous plongez autour des îles de la Société, vos moniteurs sauront vous conduire aux sites les plus préservés, mais si vous avez la possibilité d’aller jusqu’aux lagons des Tuamotu (Rangiroa, Fakarava, Makemo ont des centres de plongée bien structurés), vous vous émerveillerez, comme moi, de ce message d’optimisme que délivrent les jeunes, étincelantes pousses du corail qui vient de renaître…

 

Bénitier ancré dans une patate de corail - © Antoine
Le chanteur Antoine sur une patate de corail plate appelé acropora - © Antoine

ANTOINE

Antoine, chanteur populaire dans les années 1960, sillonne depuis près de quarante ans les océans sur son voilier, avec une préférence pour le Pacifique. Il rapporte de ses voyages photographies et des films documentaires consacrés aux plus belles îles du Monde. Sa chanson “Touchez pas à la Mer ” a sensibilisé de nombreux jeunes Polynésiens à la protection de nos lagons

www.touchezpasalamer.orgwww.antoine.tv

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Malgré le réchauffement planétaire, les récifs coralliens entourant les lagons de Polynésie font preuve d'une grande ténacité. Plonger dans les lagons de ces îles lointaines vous donnera l'occasion d'admirer les nombreuses jeunes pousses étincelantes renaissant sur des récifs que l'on craignait détruits.
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