Aranui 5: Une croisière pour découvrir les marquises et au service de ses habitants

L'Aranui 5 au mouillage dans la sublime baie d'Anaho sur la côte nord de Nuku Hiva © P. BacchetAvant l'appareillage, au quai de Papeete, une prestation est offerte aux passagers par un groupe marquisien, en présage à une croisière unique © L. bressonVu depuis l’un des salons, le pont avant chargé de conteneurs rappelle aux croisiéristes qu’ils voyagent sur un navire chargé de marchandises. © P. BacchetLe spectacle est autant autour des manœuvres de l'équipage que parmi la population des îles © L. bressonLe spectacle est autant autour des manœuvres de l'équipage que parmi la population des îles © L. bressonLe spectacle est autant autour des manœuvres de l'équipage que parmi la population des îles © L. bressonLe spectacle est autant autour des manœuvres de l'équipage que parmi la population des îles © L. bressonLe spectacle est autant autour des manœuvres de l'équipage que parmi la population des îles © L. bressonOuverture d’un four marquisien préparé au restaurant « Chez Yvonne » de Hatiheu à Nuku Hiva.Devant les racines d’un banian, sur le Tohua Kamuihei de Taipivai, un groupe de danseurs de Nuku Hiva interprète la « danse du cochon ». © L. bressonLa croisière de l'Aranui 5 permet d'explorer les endroits les plus reculés des îles Marquises © P. BacchetSur le pont avant, vers la fin de la croisière, les conteneurs ont cédé leur place à des produits frais transportés d’une île à l’autre par l’Aranui. © L. bressonLe ballet des chaloupes chargées de fruits et légumes, déposées délicatement sur l’eau constitue un spectacle haut en couleurs © L. bressonL'Aranui 5 au mouillage en baie de Hatiheu sur la côte nord de Nuku Hiva © P. BacchetUn des quatre musées créés pas l’ancien maire de Ua Huka, Léon Litchlé.Hiva Oa a consacré à l’un de ses illustres visiteurs, le chanteur et comédien Jacques Brel, un espace mémorial.Les fruits produits par l’arboretum de Léon Litchlé, à Ua Huka, sont aussi savoureux que le bagout avec lequel il en accompagne la dégustation.
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Imaginez un petit navire de croisière dont l’avant serait chargé de conteneurs. Ainsi se présente l’Aranui 5 qui dessert une à deux fois par mois l’archipel du nord de la Polynésie française. Assister au débarquement très animé des marchandises que les Marquisiens attendent avec impatience, avant d’aller en leur compagnie découvrir les sites archéologiques et autres merveilles de leurs îles, ne manque ni de charme ni d’intérêt.

Visiteur à la découverte des Marquises à bord du « cargo mixte » qui dessert l’archipel le plus septentrional de la Polynésie française, on se sent aussi un peu docker. La version actuelle du petit caboteur Aranui qui desservit les Marquises pour la première fois en 1960 a désormais tout d’un véritable petit paquebot, mais on y connaît toujours à chaque escale l’ambiance affairée des navires marchands.

Rassurez-vous, passager de l’Aranui ! Vous ne serez pas mis à contribution pour dépoter les marchandises, mais ce n’est pas l’envie qui vous manquera de donner un coup de mains aux sympathiques marins du bord. Cette activité de cargo qu’a conservé l’Aranui apporte une animation de plus à bord de ce confortable navire qui en offre beaucoup d’autres pour le plus grand bonheur des passagers. Sur le plus vaste des trois ponts arrière, autour de la piscine, une hôtesse et un «maître de ballet» tahitien animent pendant chaque traversée des ateliers de danse marquisienne, de tressage, de fabrication de colliers, tandis que dans le plus grand des quatre salons, divers conférenciers, journalistes, chercheurs, universitaires et autres navigateurs partagent leur passion pour la riche culture polynésienne.

Animation et confort

À ce bonheur de la découverte s’ajoute celui qu’apporte le confort de la croisière. Dans la vaste salle à manger qui peut recevoir deux cents cinquante convives, sont servis des repas de qualité, dignes d’un restaurant étoilé, et autant que possible composés de mets locaux, réalisés par une équipe de cuisiniers professionnels encadré par un chef de haut niveau. Le service est assuré par des jeunes qui incarnent la gentillesse polynésienne et assurent en plus, lors de dîners de gala, une animation joyeuse qui fait que l’on ne s’ennuie jamais pendant les traversées.

Il faut dire que la traversée est longue, 1600 kilomètres, entre le port d’attache de Tahiti et le Fenua Enata, «Terre des hommes» en Marquisien. C’est pourquoi la première découverte que nous offre l’Aranui 5 à mi-chemin des Marquises, est située sur le plus vaste archipel de Polynésie, les Tuamotu. On fera ainsi le plein de coups de soleil sur une plage de sable blanc et de se baigner dans l’eau turquoise de l’atoll de Fakarava, dont le lagon regorge de poissons… qui seront au menu du premier repas à terre, préparé sous les yeux des passagers de l’Aranui. Une occasion pour eux d’apprendre comment est préparé le fameux poisson cru à la tahitienne, en particulier cet ingrédient indispensable qu’est le « lait de coco ».

Voyage initiatique

Le contraste est saisissant lorsque nous débarquons le lendemain matin par navettes sur une plage de sable noir presque déserte de l’île de Nuku Hiva, dans un écrin de verdure. Contact personnalisé avec la population locale qui embarque tous les passagers à bord de puissants 4×4, dont chaque conducteur nous a accueillis avec un sonore ka’oha (bonjour) avant de nous parler avec amour de son fenua, son pays. Le roulis de l’Aranui V nous paraitra bien doux à côté des mouvements désordonnés des véhicules sur la piste menant à l’un des plus anciens sites archéologiques des Marquises, Kamuihei, devant lequel un groupe de danseurs nous offre le premier spectacle du voyage.

D’archéologues amateurs, nous nous rêverons rapidement cuistots pour la dégustation d’un délicieux petit cochon extrait d’un four marquisien creusé dans le sol… avant de redevenir archéologues à Taipivai. L’autre célèbre site de Nuku Hiva nous dévoilera par ses multiples plateformes, ses constructions, ses pétroglyphes d’oiseaux, tortues et autres signes mystérieux, et bien sûr ses tikis de pierre, une civilisation ancienne et clairement élaborée.

Et pour nous aider à bien comprendre ce que nous découvrons, plusieurs guides, chercheurs, enseignants, journalistes, conférenciers, nous accompagneront tout au long du voyage pour des explications qui seront complétées par les conférences données à bord de l’Aranui V, donnant à cette belle croisière un goût de voyage initiatique.

Tout aussi fascinante sera la découverte de l’île de Ua Pou, où le débarquement sera agrémenté par le spectacle du déchargement des barges transbordant les marchandises, en alternance avec les chaloupes des passagers, sur un petit quai abrité par un gros rocher. La houle y rendra le travail des marins aussi sportif que le saut sur le quai des visiteurs fermement tenus ou portés par des gaillards rompus à l’exercice. Les « terriens » ont été prévenus que la manœuvre sera délicate et sont partagés entre crainte et confiance. Mais tout se passe bien.

Gauguin et Brel : séquence émotion

 Une phase de l’histoire plus récente des Marquises est à découvrir sur l’île de Hiva Oa, marquée par les séjours de deux grands artistes, Paul Gauguin et Jacques Brel. Dans le village d’Atuona, le musée où l’on admire d’excellentes reproductions des plus belles toiles du peintre breton voisine quasiment avec l’espace consacré au chanteur belge, un vaste hangar au centre duquel trône son célèbre avion bimoteur Jojo entouré par une exposition de photos, dessins et coupures de presse évoquant sa vie et son œuvre. Visite chargée d’émotion qui se poursuivra au cimetière situé en hauteur, où Gauguin et Brel sont voisins pour l’éternité.

C’est également à Hiva Oa que nous découvrirons au me’ae Ipona, le site archéologique le plus important par le nombre de tikis, restaurés avec soin, dans des postures diverses dont même les archéologues n’expliquent pas toutes les significations, tout comme on ne sait pas encore tout des ruines mystérieuses de Puamau.

La visite de Fatu Hiva sera plus actuelle, avec la découverte d’un artisanat d’art contemporain composé de bijoux de graines, de tapa (étoffe végétale fabriquée à partir de l’écorce d’arbre à pain) ornés de motifs reproduisant souvent les fameux tatouages marquisiens, de tikis en « pierre fleurie », et de diverses sortes de monoï, huiles de soins tirées de la pulpe du coco, parfumées avec des fleurs de tiaré. Les habitants offriront aux visiteurs des démonstrations de fabrication de ces produits locaux, mais aussi un spectacle de danse marquisienne, dont la fameuse danse du cochon exécutée par les hommes, et la gracieuse danse de l’oiseau des jeunes filles.

L’île aux quatre musées

À Hua Huka, nous avons rendez-vous avec la culture ancienne et l’agriculture actuelle. Pour répondre aux nombreuses interrogations que soulèvent les objets anciens, le maire de l’île, Léon Litchtlé eut l’idée de créer, à la fin du siècle dernier, plusieurs petits musées. L’un d’entre eux rassemble des objets archéologiques et artisanaux anciens, un autre des moulages de gravures rupestres, un troisième des sections de bois montrant la richesse de la forêt marquisienne. Le quatrième est consacré aux coquillages. Aujourd’hui à la retraite mais toujours aussi passionné, Léon nous servira de guide dans l’arboretum qu’il a également créé, et où sont cultivées de nombreuses essences d’arbres fruitiers tropicaux. Il se fera un malin plaisir, en nous faisant déguster leurs fruits, de nous en faire deviner les noms. Un moment savoureux, autant par les saveurs que par la verve et les anecdotes servies par ce guide passionnant, ancien ministre de l’agriculture de la Polynésie française.

De retour à Nuku Hiva au dixième jour d’une navigation entre les six îles de cet archipel décidément riche en surprises, nous renouerons, au moins avec les yeux, avec le métier de docker en admirant la dextérité des grutiers chargeant les produits destinés à Tahiti.

Mais avant le retour au port d’attache, au quatorzième jour, nous serons de nouveau très « touristes » pour deux nouvelles escales ensoleillées, l’une à Rangiroa, le plus grand atoll des Tuamotu et second plus grand du monde, pour découvrir de plus près la production des fameuses perles noires de Tahiti, l’autre sur la Perle du Pacifique, pour une après-midi de plongée et pique-nique paradisiaque sur un motu de sable blanc. Juste de quoi vous donner envie, dès votre retour à Tahiti de sauter dans le premier avion pour Bora Bora. Mais cela est une autre histoire qu’il vous appartiendra d’écrire.

Louis Bresson

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Aranui: Une croisière pour découvrir les marquises et au service de ses habitants
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