Partir vers Fatuiva, c’est prendre rendez-vous avec la plus belle des lumières du monde, celle qui le soir s’assoit sur les contreforts de la “Baie des Verges” de Hanavave, que les missionnaires rebaptisèrent la “Baie des Vierges”. Les roches noires de basalte qui tombent en chute libre dans les eaux calmes de la baie se transforment au soleil couchant en des masses de couleur orange, verte et noire, surprenantes. Au fur et à mesure de sa descente, l’astre de feu saupoudre une poussière dorée sur les cocotiers qui s’accrochent aux falaises de la baie, mais aussi sur les immenses tiki taillés à même la montagne par la mer et le vent. Il existe dans le monde un bon nombre de curiosités, mais on en voit rarement d’aussi étonnantes que ce spectacle qu’offre la “Baie des Vierges” à la tombée du jour.
Dans l’île la plus isolée et la plus au sud des Marquises, les regards et les sourires des habitants laissent aussi un éblouissement au fond du cœur. Dans les rues du village, les enfants jouent pendant que les adultes jouent de la musique à l’ombre des arbres. À Hanavave, les traditions marquisiennes les plus anciennes sont conservées. On y fabrique encore le tapa à la façon traditionnelle ainsi que les “umuhei” (ou “kumuhei” dans les Marquises du Nord), ces bouquets d’amour aphrodisiaques où se mêlent les parfums d’ananas, de ylang-ylang, de feuilles de menthe, de fleurs de vaho-vaho, de poudre de bois de santal, de miri et de racines de mouu. Les femmes enroulent cet élixir d’amour dans leurs longues chevelures et sur leur passage, les odeurs fruitées s’envolent …