Les épreuves du Bora Bora Liquid Festival KXT Ironmana et du Waterman Tahiti Tour constituent pour les athlètes une invitation au dépassement de soi, de par leur diversité et leurs difficultés. Dans le décor, exceptionnel de nos îles, y sont promus des sports intimement liés à l’Océan et la Polynésie tels le va’a, la pirogue à voile, la natation en eau libre, le prone paddleboard et le stand up paddle. Rencontre avec Stephan Lambert, personnalité hors-norme à l’image de ces événements dont il est le créateur.
« Ce n’est pas la destination, mais le chemin qui compte ». Ce proverbe gitan aurait pu être celui de Stephan Lambert. Celui-ci est aujourd’hui reconnu et connu pour être le créateur de ce que l’on estime être parmi les plus belles courses du monde dans un environnement aquatique : le Ironmana et le Waterman Tahiti Tour. Son chemin semblait tout tracé mais il a préféré bifurquer. Fils d’Alain Lambert, entraineur de l’équipe de France de tennis – et coach des célèbres champions Guy Forget et Yannick Noah – il aurait dû devenir le champion de tennis qu’il promettait d’être. Il sait à peine marcher que déjà il tape dans la balle jaune. Il remporte les championnats de France en individuel et en équipe. Puis, à 16 ans, il part faire un match d’exhibition à Hawaii. Ses yeux s’ouvrent. Ce qu’il avait déjà en lui devient clair. « C’est vers la plage que je vais », dira-t-il à Guy Forget qui l’accompagne. Les champions de surf et de va’a – la pirogue polynésienne à un balancier – qu’il rencontre lors de ce voyage vont l’initier à la mer. Alors que dans le sud de la France, la mer « faisait partie de son environnement », après Hawaii, elle devient « un style de vie ». Il n’a qu’une seule envie : aller vivre là-bas. Sa mère mettra le holà : d’abord le bac, ensuite des études. Bac +5 en poche, il part enfin vivre à Hawaii.
Le coaching fait partie de sa vie aussi. Il a de qui tenir. Il met en place des programmes d’entraînement et devient consultant. En 1994, il arrive en Polynésie française « à cause de la pêche ». Il travaille comme « grader » sur le thon rouge, estimant la valeur du poisson et indiquant le marché export où il doit être distribué. « Travailler 14 heures par jour, pas le temps d’aller surfer… Il y a un moment où tu te dis que tu n’es pas à ta place. » Il plaque tout et part s’installer à Bora Bora. Après avoir développé une société de jet-ski, il change à nouveau de route pour reprendre celle des pirogues à voile. « À partir du moment où tu ne créé plus rien, ce n’est plus intéressant. ». Nouveau défi, nouvelle vie. « Il s’agissait de ramener des valeurs nobles à travers ce symbole alors disparu qu’est la pirogue à voile. C’est un trait d’union entre les gens. Et ce n’est pas la même énergie ressentie entre piloter un jet-ski et mener une pirogue à voile… ». Enfin, le temps semble couler au rythme que Stephan cherchait depuis toujours, ponctué de traversées en solitaire entre les Iles Sous-le-Vent avec son prone paddleboard et de shooting photos pour des marques célèbres.
Course pour les « taravana », les fous en tahitien…
Le coaching est toujours présent et entre Tahiti, Hawaii et la Californie naturellement, il va vers les sportifs. Naturellement, ils viennent aussi vers lui. Il continue à proposer des programmes d’entraînement uniques dont l’essence est la connexion spirituelle avec l’eau. Ceux qui souhaitent se préparer au Heiva, à un marathon ou encore à une course de va’a, viennent le voir. Des athlètes étrangers font le déplacement pour suivre ses stages isolés sur son motu de Bora Bora. Naît l’idée de transformer ces programmes en événement sportif et ainsi rassembler les différentes disciplines aquatiques pour perpétuer l’esprit « Waterman ».
En 1999, il organise la première édition de l’Ironmana. Trente kilomètres dans le lagon de Bora Bora en va’a. À l’époque, les gens disent que c’est une course pour les « taravana » (les fous, en tahitien). Quinze années plus tard, ces mêmes personnes sont toujours sur la ligne de départ. De 30 kilomètres en va’a, l’épreuve en fait désormais plus de 60. D’une journée unique de compétition, le défi devient un festival cumulant cinq jours d’épreuves. La natation en eau libre, le stand up paddle, le prone paddle bord font désormais partie du programme et les participants changent de mode de transport et enchaînent sprint ou marathon.
En 2014, c’est la première édition du Waterman Tahiti Tour. Le Waterman Tahiti Tour se décline en un championnat sur cinq étapes, toutes se déroulent dans une île différente, d’avril à septembre. L’idée est de se préparer pour le Ironmana, toujours la première semaine du mois de décembre.
Ces événements sont « progressifs » : jamais deux fois la même distance ou le même parcours. Plus les éditions passent, plus les difficultés augmentent. « Il faut toujours faire plus que l’année précédente. Il y a cette gourmandise de l’effort avec la récompense : le plaisir. »
La philosophie de ces événements est la même que celle des entrainements qu’il propose : le dépassement de soi et non de ses adversaires. Pour les participants, une seule devise : « N’attendez rien, soyez prêts à tout. » Cette façon de vivre, beaucoup l’ont adoptée. À l’image de la Californienne Grace Van Der Byl, championne de natation en marathon : « si tu veux être un Waterman, tu dois faire le Ironmana », explique-t-elle. Le Ironmana et le Waterman Tahiti Tour sont devenus des épreuves incontournables pour les hommes et femmes qui aiment les défis liquides.
« Ton adversaire, c’est toi-même »
« Ton adversaire, c’est toi-même. Il faut avoir la foi, croire que les choses se finissent bien tout en ayant conscience des épreuves qui vont être difficiles à passer. Abandonner n’est pas une option, explique Stephan Lambert. L’attitude, c’est le premier domino qui entraine tout le reste ». L’attitude. Un mot qui revient sans cesse dans le discours de cet ancien champion de tennis.
Au-delà du défi sportif, Stephan Lambert emmène vers un questionnement spirituel. « Ne pas donner de challenge aux gens est un bon moyen de les contrôler. Si on leur rappelle que tout est possible alors ils deviennent des électrons libres. »
Stephan Lambert tente d’entraîner tout le monde sur cette route plus difficile mais plus gratifiante. « C’est l’esprit qui anime les participants. Ces événements ont une dimension spirituelle. C’est un voyage intérieur. La dose d’endorphine que le corps délivre avec le sport est plus forte quand tu te bats contre toi-même. Et c’est seulement quand tu as passé la ligne d’arrivée que l’histoire peut commencer ». Car après de telles épreuves, une dose d’énergie « poursuit et anime » les participants pendant des mois après la compétition. L’Ironmana et le Waterman Tahiti Tour sont des défis physiques et mentaux. Pour Stephan Lambert, il suffit de se dire : « Chiche, je peux le faire. »
Aujourd’hui, une centaine de personnes participent à ces deux événements. Stephan Lambert ne sait pas pourquoi, au fond, il a besoin d’entraîner tout ces gens dans ce genre de voyage. Il a juste « trouvé le moyen de partager et ne pas être seul à faire ce qu’il aime. Je ne suis pas là pour convaincre les gens de participer, je propose juste une option. J’essaye d’amener les personnes à apprécier le moment présent, à aimer ce qu’elles font au moment où elles le font. Respirer pleinement l’instant… »
Le Ironmana et la Waterman Tahiti Tour sont plus que des compétitions. Leur concept est d’ailleurs unique au monde et Stephan Lambert espère bien le développer à l’étranger et faire, pourquoi pas, un Waterman World Tour ! Et comme l’endorphine est une drogue gratuite, pourquoi se priver ?
Marie Leroux
Calendrier des manifestations
WATERMAN TAHITI TOUR (WTT)
WTT 1 : dimanche 5 avril, (Blue Banana) Tahiti-Punaauia (Blue Banana)
WTT 2 : 23/24 mai, « journées enfants » Tahiti-Punaauia
WTT 3 : 20/21 juin, Moorea Coco Beach
WTT 4 : 15/15 août, Tahiti-Mahina (plage de la Pointe Venus)
WTT 5 : 19/20 septembre, Raiatea
IRONMANA BORA BORA LIQUID FESTIVAL 2015
– Channel Crossing: du 23 au 30 novembre 2015
Ce raid aventure, réalisé en pirogue à voile, consiste à relier les îles de Moorea, Huahine, Taha’a et Bora Bora au départ de Tahiti.
Bora Bora Liquid Festival : du 1er au 6 décembre 2015
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