Avec son physique de gladiateur, le tahitien Michel Bourez a imposé son style tout en puissance au plus haut sommet de la hiérarchie du surf de compétition. Celui que l’on surnomme « Spartan » veut faire mieux que sa place de cinquième mondial en 2014. Portrait de cet enfant de nos îles devenu une star internationale, athlète que l’on retrouvera lors de célèbre Billabong Pro Tahiti à Teahupo’o du 14 au 25 aout, plus motivé que jamais devant le public tahitien.
En l’espace de trois ans et plusieurs coups d’éclat, Michel Bourez est sans conteste devenu un des surfeurs les plus connus de sa génération. Grâce à lui, c’est désormais Tahiti et toute la Polynésie Française qui rayonne dans le monde entier en s’appuyant sur le surf, ce sport en développement constant. Ses adversaires sur le circuit professionnel l’ont surnommé « The Spartan », le Spartiate en anglais, en référence à ces hommes qui avaient la réputation d’être les meilleurs guerriers de la Grèce Antique. Entrainés à se battre dès leur plus jeune âge, les Spartiates étaient courageux face à l’adversité et féroces dans le combat. En véritable guerrier des temps modernes, Michel Bourez parcourt désormais les meilleurs « spots » de surf de la planète pour défier les plus belles vagues et s’illustrer sur ce champ de bataille que constitue le championnat du monde professionnel, le WCT (World Champions Tour). Un rêve devenu réalité pour ce jeune surfeur qui a dû batailler pendant trois ans sur le circuit qualificatif WQS avant de pouvoir rejoindre l’élite du surf mondial, ce fameux WCT. « Le surf est toute sa passion et son objectif est de devenir le premier champion du monde de surf venant de Tahiti », témoigne Raimana Van Bastolaer, légende tahitienne du surf et un pionnier de la célèbre vague de Teahupo’o.
Une ascension fulgurante
Le nom de Michel Bourez est apparu pour la première fois dès 2006 sur la scène internationale quand il devient Champion ASP Europe. Un an plus tard, il bénéficie d’une invitation, une « wild card », pour l’épreuve du Quiksilver Pro France, une étape du championnat du monde professionnel qui a lieu à Hossegor sur la côte landaise en France. Il y signe un premier coup d’éclat battant le champion du monde en titre et légende du surf, Kelly Slater. Un an plus tard, en 2008, il est sélectionné pour faire partie du programme Red Bull Rising et gagne le Reef Hawaiian Pro Prime 6 stars, à Hawaii, sur la vague d’Haleiwa.
Enfin, en 2009, il intègre le prestigieux WCT et entreprend de se faire un nom parmi les meilleurs pros après avoir rejoint le team Nike international et le team Red Bull international… Michel finit cette première année d’apprentissage sur le tour professionnel à la 21ème place sur 32 surfeurs. L’année suivante, il termine 11ème et, en 2011, il progresse jusqu’à la 6ème place.
Mais c’est véritablement l’année 2014 qui marquera le plus les esprits. Dès la 2ème épreuve du tour en Australie, sur la vague puissante de Margaret River, il monte sur la première marche du podium. Il faut dire que c’est une vague qui correspond au style de surf de Michel, qui est tout en vitesse et en énergie. Sa joie est immense sur le podium, ses premiers mots sont pour sa famille et pour Tahiti ! Après cette première victoire sur le tour professionnel, la presse mondiale découvre enfin le surfeur tahitien avec son talent, son physique et son mental de guerrier. Il aime se battre contre les meilleurs ! Mais Michel sait rester humble et ne cède pas aux premières sirènes de la renommée. Il sait que l’année sur le tour est encore longue et qu’il y a d’autres compétitions… Il confirme son ascension et enchaîne en gagnant la 4e étape 2014 au Brésil. Cette fois, il est vraiment entré dans la course au titre de champion du monde !
Quand les médias lui demandent s’il pense déjà au titre suprême, il répond invariablement que sa stratégie est de surfer chaque compétition sans pression et de gagner ses séries les unes après les autres pour aller le plus loin possible à chaque fois. Les dernières épreuves de l’année 2014 se déroulent à Hawaii et Michel finit en beauté en s’imposant encore une fois lors du Van’s World Cup sur la célèbre vague de Sunset.
Tout au long de cette formidable année 2014, Yannick Beven, ancien surfeur pro franco-brésilien et spécialiste du Ju-Jitsu, est à ses côtés pour le coacher. Il réussit à le rendre plus fort physiquement et mentalement. Visiblement le tandem fonctionne à merveille. C’est en 2014, avec Yannick, que Michel Bourez a appris à gagner et surtout qu’il a pris goût à la victoire… « Je qualifierai Michel d’athlète exemplaire, le guerrier des temps modernes… Il est très humain et toujours appliqué avec une volonté très forte de représenter son île de Tahiti. Il ne recule devant aucun défi, je suis très fier d’être son coach et de le préparer pour ses prochains combats. Comme dit le proverbe, si tu veux la paix, prépare la guerre ! », témoigne Yannick Beven, tout aussi déterminé que son protégé.
Celui-ci termine cette saison épique à la 5ème place, du jamais vu pour un surfeur tahitien, avec deux victoires et une demi-finale à Fidji. Tout au long de l’année 2014, Michel Bourez aura porté Tahiti sur la plus haute marche à travers ses différents podiums. Il est le meilleur ambassadeur que la Polynésie a jamais eu sur le circuit mondial. Mais plus encore, il est l’un des meilleurs ambassadeurs de la Polynésie – tout court – car le championnat du monde de surf est de plus en plus médiatisé et suivi. Les surfeurs professionnels sont devenus des stars à l’image de Kelly Slater.
Michel Bourez et Tahiti ne font qu’un…
Quand Michel rentre chez lui entre deux compétitions, il retrouve sa femme, son fils, toute sa famille et ses copains. Il renoue avec les traditions et le mode de vie polynésiens. C’est dans les vagues de l’archipel qu’il a grandi et son amour de l’océan est ancré à jamais dans son héritage familial. Dès que la houle est annoncée, la priorité redevient le surf. Né sur l’ile de Rurutu, située dans l’archipel des Australes à 500 km au sud de Tahiti, Michel a cependant passé son enfance sur l’île de Tahiti où son père fut nommé comme professeur de mathématiques dans la localité de Mataiea. « Il a commencé par jouer au foot, raconte son père, comme tous les garçons de son âge. Mais quand il découvre le surf vers huit ans, cela a été comme un flash ! Il aime la nature, il aime être dans l’océan, c’est son terrain de jeux favori… »
Michel participe à ses premières compétitions à 13 ans et, les années suivantes, il gagne les championnats locaux de Tahiti. Épreuve après épreuve, sa vie est dédiée au surf. Il rêve de devenir surfer professionnel. Durant ces premières années de compétition, il est soutenu par le shapeur Dave Kelly et par le surfeur tahitien de grosses vagues Raimana Van Bastolaer. « Je sais que je peux l’appeler quand je veux, il ne gagne rien dans l’histoire, il a simplement le cœur sur la main… », témoigne Michel à propos de son ami Raimana.
Michel Bourez est le 2ème surfeur tahitien, après Vetea David dans les années 1990, à faire une carrière internationale dans le surf professionnel. Il faut dire qu’à Tahiti les vagues sont parfaites, que l’eau est chaude et la vie est douce… C’est certainement l’une des raisons pour lesquelles les surfeurs tahitiens s’exportent peu à l’international. « Plus jeune, je voulais être sportif de haut niveau, réussir dans le sport, j’avais soif de victoires ! », explique Michel.
Aujourd’hui, Michel Bourez est devenu le sportif le plus connu de Tahiti. Il a ouvert la voie à la jeune génération de surfeurs tahitiens qui rêvent de suivre ses traces et de devenir professionnels. La notoriété de Michel est telle à Tahiti qu’il est obligé d’éviter les rues de Papeete sous peine de provoquer un embouteillage ou d’être arrêté par les passants qui souhaitent lui manifester leur soutien.
Rendez-vous à la Billabong Pro Tahiti !
En 2014, à domicile, lors de la Billabong Pro Tahiti sur la vague de Teahupo’o, à mi-parcours des championnats du monde, Michel était classé 2ème dans la course au titre : devançant – excusez du peu – le King Kelly Slater, 11 fois champion monde, et l’australien Mick Fanning, triple champion du monde… Ce fut l’événement à Tahiti ! Michel connaît bien la vague de Teahupo’o, mais il refusa d’endosser le statut de favori que les médias voulaient lui imposer. Dans une interview, il déclara que malgré sa familiarité avec la vague, il ne se sentait pas plus avantagé ici, le niveau des surfeurs du WCT étant tel que chacun pouvait gagner.
À ce moment là, le surfeur brésilien Gabriel Medina était déjà en tête du championnat. Kelly Slater restait l’un des favoris puisqu’il avait gagné plusieurs fois à Teahupo’o, connaissant parfaitement cette vague réputée dans le monde entier. Tout Tahiti s’était déplacé sur la presqu’île du bout de la route pour soutenir son champion. Malheureusement Michel perdit au 5ème tour contre le surfeur australien Bede Durbrige. Finalement, le Brésilien Gabriel Medina remporta l’épreuve sur des vagues exceptionnelles. Les images de cette compétition firent le tour de la planète et Gabriel fut sacré champion du monde de surf 2014.
Cette année, on peut être sûr que Michel Bourez voudra prendre sa revanche à Teahupo’o qui est une étape majeure du circuit ASP et l’une des plus prestigieuses. Une épreuve qu’il voudra gagner devant son public. Le circuit ASP a repris au mois de mars 2015 sur la Gold Coast en Australie. Le début de saison a été en demi-teinte pour Michel Bourez. De plus, il s’est blessé lors d’une session de “free surf” (surf hors compétition) en mai dernier à Teahupo’o, vague fidèle à sa réputation, celle de ne pardonner aucune erreur… Privé de compétition pour plusieurs semaines, il fera un grand retour sur le circuit dans nos îles lors de la Billabong Pro Tahiti. Le Sparte reprend sa planche et le combat. Ne comptez pas sur lui pour baisser les bras !
Affif Bellakdar
Palmarès :
2014 : 5e de l’ASP World Tour 2014
2013 : 12e
2012 : 15e
2011 : 6e
2010 : 11e
2009 : 21e de l’ASP World Tour 2009, première année sur l’ASP World Tour
2008 : Qualifié pour l’ASP World Tour
2006 : Champion Europe ASP
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