Du 26 octobre 2017 au 25 avril 2018, le Musée du Cinquantenaire à Bruxelles présente l’exposition Oceania, voyages dans l’immensité. Les riches collections océaniennes des Musées royaux d’art et d’Histoire et du Musée royal de l’Afrique centrale sont mises à l’honneur. Le travail de Jean Paul Forest, artiste plasticien vivant et travaillant à Tahiti, y est aussi représenté. Air Tahiti Nui et le Musée de Tahiti et des îles soutiennent l’événement.
L’Océanie est un des derniers territoires de la planète « découverts » par les Européens. En effet, l’Australie est découverte en 1522 par les Portugais et la Nouvelle-Zélande l’est en 1642 par les Néerlandais. Mais c’est au XVIIIe siècle que les navigateurs occidentaux foulent le sol des îles du Pacifique Sud. L’exposition Océania, voyages dans l’immensité révèle les trésors de l’art océanien à travers plus de 200 objets originaires de Nouvelle-Zélande, de Mélanésie, de Micronésie, de Polynésie, d’Hawaii et de l’île de Pâques. L’œuvre de Jean Paul Forest apporte un regard contemporain sur l’insularité et une réflexion sur la place de l’Homme dans l’immensité de l’océan et du cosmos.
Les grandes explorations du Pacifique
L’exposition remonte le temps, des premiers peuplements de l’Océanie jusqu’à nos jours, au travers de 5 voyages. Le premier voyage, intitulé La colonisation du Pacifique, explore d’abord le peuplement préhistorique de l’Australie et de la Papouasie survenu il y a 60 000 ans avant notre ère. Puis, une large place est accordée au grand mouvement migratoire, remontant au premier millénaire, qui a vu la découverte et le peuplement, par des peuples venus d’Asie du Sud-Est, de la Polynésie, de la Nouvelle-Zélande, d’Hawaï, de l’île de Pâques, et du sud de l’Amérique.
Le deuxième voyage, L’Europe découvre le Pacifique, porte sur les grandes découvertes, de Magellan à Alvaro de Mendaña, jusqu’aux temps des premières expéditions scientifiques durant le XVIIIe siècle avec les grands navigateurs et découvreurs du Pacifique que sont Samuel Wallis, Louis-Antoine de Bougainville, James Cook et Jean-François de La Pérouse. Le troisième voyage, La Belgique à l’île de Pâques, revient sur l’expédition menée en 1934 par Paul Rivet (Musée de l’Homme à Paris) et Henri Lavachery (Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles) à l’île de Pâques et dont les recherches sur ses habitants et son art se sont inscrites dans l’histoire de la recherche scientifique. Le quatrième voyage est consacré au Pacifique d’Est en Ouest et aux échanges inter-îles. Y sont présentés des objets océaniens, principalement polynésiens, issus des collections des Musées royaux d’art et d’Histoire de Bruxelles.
L’œuvre de Jean Paul Forest, une réflexion sur l’immensité
Le cinquième voyage de l’exposition nous invite à découvrir l’œuvre de l’artiste et plasticien de Polynésie française Jean Paul Forest. Nous explorons à ses côtés l’immensité à travers l’incommensurable multitude des galets. Toute son œuvre tend à établir un dialogue physique avec la pierre, entité de base de l’univers et symbole de la matérialité du monde. La série Appareillages crée des parentés et des correspondances possibles entre des galets fracturés et le bois, en l’occurrence celui de cocotier. Leur réparation avec une « prothèse » végétale réincarne la forme qu’ils eurent peut-être un jour. Les fragmentations mettent en scène des pierres éclatées dans lesquelles un câble permet de replacer les morceaux dans leur position originelle. Le monolithe rigide, devenu une structure modulable et fluide, offre une infinité de possibilités tout en conservant la mémoire de son état antérieur.
La série des Multitudes est une confrontation physique à l’infini des nombres et des identités : des galets coupés et cousus sont rassemblés selon différents ordres que l’on peut réinventer dans le chaos des plages. Les Torsions libèrent une dynamique en gestation dans le galet, pour donner forme à des mouvements à la fois prévisibles et incontrôlables. Enfin, une salle vidéo et des installation photographiques permettent d’aborder son travail in situ, dans toute la dimension des paysages polynésiens. Ainsi, c’est un espace d’exposition de plus de 300 m2 qui est consacré aux créations et réflexions de cet artiste à la notoriété grandissante. L’exposition Oceania plonge avec brio le spectateur dans le grand océan Pacifique à la découverte des cultures insulaires, mais propose également un voyage initiatique sur la matérialité du monde qui nous entoure.
Marina Mourrin