Mataiva, lumières des Tuamotu

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A une heure de vol, seulement, de l’île de Tahiti, le petit atoll de Mataiva est un des joyaux méconnus de l’archipel des Tuamotu. Découverte de cette destination exceptionnelle.

L’arrivée par avion à Mataiva constitue déjà un instant inoubliable. Comme enchâssé dans le bleu profond de l’Océan Pacifique, se détache ce joyau. Vu du ciel apparaît un cercle de verdure entourant un lagon “tacheté de bleu, de vert, de turquoise, et d’émeraude. Une palette que n’aurait su créer même le plus génial des peintres. Bienvenue à Mataiva !
Une vision marquante pour pénétrer dans le monde singulier des Tuamotu, archipel dont l’île de Mataiva fait partie. Il est le plus vaste des cinq qui forment la Polynésie française. Quasiment au coeur du Pacifique Sud, cet ensemble d’îles s’étire du nord-ouest au sud-est, de 300 à 1600 Km de Papeete. À l’exception, notable, de Makatea, toutes ces terres sont des atolls, ce qui fait des Tuamotu l’un des plus vastes archipels coralliens du monde. Sur notre globe, on recense 425 atolls, seulement, dont 77 situés dans les Tuamotu soit 20 % du total, environ. L’archipel constitue donc un patrimoine naturel exceptionnel d’intérêt mondial. Il est un parfait exemple du travail des forces tectoniques, océaniques et coralliennes pendant des millions d’années.

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Chaleureux et acceuillant

Bien qu’aucune preuve archéologique formelle n’en atteste, Mataiva – à l’instar de l’archipel des Tuamotu – fut sans doute peuplé dès la fin du premier millénaire par les Polynésiens lors de leur vaste mouvement d’installation dans les îles formant l’actuelle Polynésie française. En ce lieu, ils développèrent une civilisation adaptée à cet écosystème, développant des techniques de gestion des ressources marines et terrestres originales. Bien des siècles plus tard, les explorateurs européens “découvrirent” les Tuamotu, des terres étranges à leurs yeux et redoutées, aussi, tant la navigation était dangereuse dans ce dédale d’îles basses. L’espagnol Quiros nota la présence de l’atoll dès 1606. Puis il fallut attendre deux cents ans pour que les Européens s’aventurent de nouveau dans ses abords. En 1820, le navigateur Von Bellinghausen l’approcha dans le cadre d’une mission océanographique russe.

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Parmi les atolls des Tuamotu, celui de Mataiva est unique. Son lagon est dit “réticulé” car formé par 70 bassins, peu profonds, séparés par des constructions coralliennes qui affleurent à la surface. Une particularité, sans équivalent dans le pays, qui lui donne cet aspect de mosaïque et en fait un lieu d’une beauté extraordinaire. Un spectacle grandeur nature qu’on ne se lasse pas de voir. La circulation des eaux est assurée par un ensemble de hoa, nom donné à des passes peu profondes faisant communiquer lagon et océan, et la passe de Pahua à l’extrémité ouest de l’atoll. Les eaux océaniques pénètrent principalement dans le lagon par ces hoa et, ressortent par la passe de Pahua où le courant est toujours «sortant». Il s’agit d’une spécificité de l’atoll car dans les passes, les courants s’inversent généralement avec les marées.

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Du début du 20ème siècle jusqu’en 1950, environ, Mataiva n’est pas habitée en permanence. L’île accueille pour quelques mois des populations venues des atolls voisins de Tikehau et Rangiroa afin d’exploiter la cocoteraie et pêcher. Il faut attendre les années 1950 pour que des populations s’établissent définitivement dans ce paradis. Une première école ouvre contribuant à maintenir la petite communauté sur place. L’île est même équipée à la fin des années 1970 d’une piste d’aviation facilitant grandement les échanges avec l’extérieur. Aujourd’hui, Mataiva accueille environ 270 habitants. Ils sont regroupés dans la petite localité de Pahia, en bordure de la passe du même nom. Administrativement, elle est une « commune associée » rattachée à Rangiroa, le grand atoll voisin distant de quelques dizaines de milles nautiques. Dynamique, chaleureuse et accueillante, la population se mobilise pour développer son île, la protéger et préserver son style de vie.

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Parmi les atouts dont l’île dispose : la fertilité du sol et de vastes surfaces de terre, des faits rares dans les atolls. Agriculture et coprahculture en sont facilitées. Mais la population se mobilise, également, pour développer le tourisme, conscient du charme si particulier de l’île. On compte trois pensions de familles. Mataiva n’est guère loin de Tahiti et entend tirer parti de cet avantage. Toute la petite communauté s’attache à faire connaître davantage cette île aux paysages extraordinaires, cet atoll à taille humaine et lieu des plus attachants. Miser sur le tourisme pour se permettre de tourner le dos à la manne que représentent les immenses réserves en minerai de phosphate qui dorment sous le sol de l’atoll et son lagon. Mais, l’exploitation minière nécessaire pour exploiter cette ressource condamnerait assurément l’atoll et le mode de vie actuel de la population par les inévitables bouleversements écologiques et sociaux qu’elle engendrerait. Ne pas creuser sa terre natale mais y être attaché et la partager. Tel est le choix qui a été fait par une majorité des habitants de Mataiva. Une décision, sage, qui permet à ses visiteurs de découvrir cet Eden unique.

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À Mataiva, point de passe, mais plutôt une « fausse passe ». Située au village de Pahua et peu profonde, elle est enjambée par un pont sur lequel les habitants aiment à se retrouver pour discuter. Sa faible profondeur ne permet guère que la circulation de petites embarcations. Fort à propos, les hoa sont à l’origine du nom de l’île, qui signifie « neuf yeux ». Ces neufs yeux, ce sont les neufs hoa principaux qui marquent les paysages de l’atoll. La partie sud et sud-est en compte huit, composant des paysages de toute beauté et faisant l’un des charmes principaux de l’atoll. Pas de hoa, en revanche sur toute la vaste côte nord de Mataiva, mais une vaste et large bande de terre accueillant une belle cocoteraie. Une morphologie qui illustre bien un phénomène courant dans les atolls de l’archipel et dont l’explication est assez simple. Les hoa se forment principalement sur les parties des atolls les plus exposées aux houles dominantes. Ces dernières viennent généralement du sud dans cette partie de l’Océan Pacifique.

Hoa, un voyage dans le voyage

Il est des lieux qui offrent à leurs visiteurs une occasion de voyage exceptionnelle. Un séjour à Mataiva ne peut se concevoir sans partir à la découverte des hoa jalonnant la partie sud de l’atoll. Hoa est un terme polynésien qui désigne un chenal, de faible profondeur, mettant en communication le lagon et l’océan. La circulation de l’eau est irrégulière. Parfois ces hoa sont à sec ou simplement traversés de filets d’eau. Lorsque de puissantes houles viennent déferler sur la côte, en revanche, l’eau peut circuler abondamment, les transformant en véritable rivières d’eau de mer. Cette particularité les différencie des passes, plus profondes et plus larges. En plus de leur rôle environnemental majeur, ces dernières sont aussi d’une grande importance pour les communautés insulaires car servant de moyen de communication. Elles permettent à des embarcations et des navires, parfois de fort tonnage, de circuler de l’océan au lagon. 

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Constrastes

Côté océan, les hoa prennent naissance dans des paysages à la rude beauté, marqués par les amas et larges dalles de corail de couleurs sombres sur lesquels viennent se déverser les eaux maritimes. Là, le bruit du ressac est omniprésent.À l’opposé, côté lagon, les paysages changent du tout au tout avec la formation aux débouchés de ces chenaux, dans le lagon, de grandes langues et plages de sable blanc ombragés de cocotiers. Les eaux, tantôt translucides, tantôt vert émeraude, apporte une touche incomparable. Deux univers bien différents qui se côtoient à quelques centaines de mètres de distance seulement. Un contraste qui traduit bien toute la complexité environnementale des atolls. À Mataiva, ces hoa se distinguent par leur longueur hors norme : plusieurs centaines de mètres, mais aussi par leur beauté incomparable. À partir du lagon, la remontée en bateau de ces chenaux d’eau de mer évoque la navigation sur une rivière, un sentiment des plus étranges pour un atoll. Sur les berges une épaisse végétation. Sous la coque du navire filent les poissons à la recherche de leur nourriture.

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Parmi les hoa ponctuant la côte sud, accessible à la fois par bateau et par une piste parcourant l’atoll, les plus beaux sont incontestablement les hoa Hotu, Hitirari et Te Rua o Taho. Là, les différentes pensions de l’île ont aménagé des lieux de pique-nique permettant de profiter de ces paysages où la lumière joue à faire changer les couleurs des eaux. Se forment dans les parties calmes des piscines tropicales enserrées de coraux. Les habitants de Mataiva aiment aussi à se rendre dans ces lieux et se baigner dans leurs eaux tonifiantes car plus fraîches. Dans la partie est de l’atoll, c’est en bordure d’un de ces hoa que se trouve l’ensemble de vestiges du marae Papiro. Mais en dehors de l’aspect et du plaisir des yeux, il ne faut pas perdre de vue le rôle clef des hoa dans cet écosystème si particulier que constitue un atoll. Par les arrivées d’eaux océaniques, ceux-ci constituent de véritables poumons pour le lagon qui respire à travers eux. Une riche faune de crustacés et de poissons y élit domicile. Les habitants ont aussi installé des pièges et parcs à poissons qu’ils relèvent régulièrement. Lieu de vie, lieu de détente, les hoa de Mataiva constituent une découverte marquante pour les visiteurs de l’île.

Mataiva, lumières des Tuamotu
Mataiva, lumières des Tuamotu
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A une heure de vol, seulement, de l’île de Tahiti, le petit atoll de Mataiva est un des joyaux méconnus de l’archipel des Tuamotu. Découverte de cette destination exceptionnelle.
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welcome Tahiti
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