Rurutu généreuse et authentique

© P. BacchetVue aérienne de la pointe Teraipo et du village de Moerai . © P. BacchetMme Kelly, femme du Pasteur. ©JP. Yuam La gueule du monstre, Toarutu. © P. BacchetFalaises côtières au relief de type makatea. © P. Bacchet© P. BacchetCalanque de Naairoa. ©JP. Yuam Viriamu Teuruarii, guide, sur la plage de Vitaria. ©JP. Yuam Temple protestant de Moerai. ©JP. Yuam Tarodière Te Vai Avai. ©JP. Yuam Régime de fe’i, bananes à cuire. © P. BacchetPied d’ananas. ©JP. Yuam Caféier. ©JP. Yuam Vanaa Apia, cultivateur de taro. ©JP. Yuam ©JP. Yuam © P. Bacchet© P. Bacchet ©JP. Yuam © P. Bacchet© P. Bacchet© P. Bacchet© P. Bacchet© P. Bacchet© P. Bacchet© P. Bacchet© P. Bacchet ©JP. Yuam © P. Bacchet© P. Bacchet
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Au cœur de l’archipel des Australes, cette petite île présente une nature préservée aux paysages variés et peu communs. Attachante et accueillante, elle charmera les visiteurs dès leur arrivée.

A moins de 600 km au sud-ouest de Tahiti, Rurutu est l’île la plus septentrionale de l’archipel des Australes. Elle propose aux visiteurs une incroyable diversité de paysages et se caractérise par une géologie unique. Ses hautes falaises littorales, qui abritent se nombreuses espèces d’oiseaux, sont entrecoupées de magnifiques plages de sable blanc ainsi que de petites criques enchanteresses qui feront le bonheur des amoureux. Rurutu aurait été peuplé, pour la première fois, aux alentours de l’an mil, par les Polynésiens lors de leur vaste mouvement d’installation dans les îles de la Polynésie Orientale. Il faut ensuite attendre le début du XIXe pour qu’un contact durable s’établisse avec les Européens. Puis, le 25 août 1900, l’île est annexée par le pouvoir colonial français qui vient de faire passer l’ensemble des îles de l’actuelle Polynésie française sous sa domination. Aujourd’hui, les 2 000 habitants se concentrent dans trois principaux villages, tous en bordure de littoral : Moerai, Avera et Auti. En dehors de la route traversière, de nombreux sentiers sillonnent l’île; diverses randonnées à pied ou à cheval permettent de découvrir des points de vue remarquables tout en traversant une végétation sauvage et luxuriante aux nombreuses espèces endémiques.

La gueule du monstre, Toarutu. © P. Bacchet
Falaises côtières au relief de type makatea. © P. Bacchet
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L’île troglodyte

 Rurutu a été façonnée à travers les âges par la forte activité volcanique «de points chauds». Un premier point chaud a entrainé la création de l’île et un second l’a, littéralement, soulevée de plusieurs dizaines de mètres de haut. Ce soulèvement cataclysmique au-dessus du niveau de la mer a entraîné la transformation de son ancien récif frangeant en falaises côtières, criblées de grottes spectaculaires. Là, reliefs basaltiques et calcaires ont été remodelés par l’érosion pour offrir un spectacle saisissant. Les grottes de Rurutu méritent le détour en raison de leurs superbes concrétions et de leurs formes étranges. Elles étaient autrefois habitées et servent aujourd’hui d’abris en cas de cyclone. On en compte des dizaines voire des centaines car toutes n’ont pas été découvertes faute d’accès. La légende raconte que lors de la venue des missionnaires en 1821, le roi de l’époque fit cacher, dans une des grottes de la falaise du Matonaa, de nombreux objets sacrés appartenant à sa famille dont seul un gardien connaissait l’accès. Le secret se serait transmis de père en fils jusqu’au décès du dernier gardien, au nom d’Otare, qui l’emporta avec lui. Avis aux amateurs de chasse au trésor !

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Pied d’ananas. ©JP. Yuam

Sur le second, il en trouva plusieurs qu’il lia entre elles et appela le mont Taatioe, « attachées ensemble ». Sur le troisième, il ne trouva qu’une lance sur laquelle était perché un oiseau ; lorsqu’il voulut la reprendre, l’oiseau s’envola : ce mont devint alors le Manureva, « l’oiseau qui s’envole ». Pensant avoir terminé sa recherche, il nomma le prochain mont qu’il rencontra Erai, « fin ». Mais alors que la nuit tombait, il eut besoin de lumière et appela le mont sur lequel il se trouvait Taurama, « le flambeau ». Telle est l’histoire des cinq monts les plus connus de l’île que vous pourrez observer lors de randonnées à pied ou à cheval. Enfin, à l’extrémité sud de l’île, le volcan de Naairoa a recouvert en partie l’ancienne falaise soulevée. Ses coulées de laves se perdant jusque dans le lagon ont formé de magnifiques calanques aux plages de sable blanc dont l’une des plus belles est certainement celle de Toataratara.

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Temple protestant de Moerai. ©JP. Yuam
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Au mois de mai, les festivités du « Me » permettent de récolter des fonds nécessaires au fonctionnement de l’Eglise évangélique. Trois dimanches consécutifs, les paroissiens se réunissent à tour de rôle dans chacun des villages. De six heures du matin jusqu’à minuit, voire jusqu’au lendemain matin, ils vont prier, chanter et partager les repas. Après une nuit entière consacrée aux himene tarava, chants polyphoniques religieux qui élèvent les âmes les plus athées, les femmes clôturent le Me par une danse aux éventails devant Jésus. Puis tout le monde s’engage en procession pour la visite des maisons. Cette coutume, instaurée au début du XXe siècle par un pasteur, a lieu deux fois l’an, en janvier et en mai. Moment incroyable où les habitants des villages ouvrent la porte de leurs habitations, fraîchement repeintes à la chaux, aussi bien aux autres villageois qu’aux étrangers de passage. A l’entrée, la famille bénit les visiteurs en les aspergeant de talc et de parfum, suscitant les rires et les cris des protagonistes. Et, il n’est pas question de quitter la maison sans avoir goûté au « ma’a », mets généreusement disposés sur une table à la sortie de la maison. La générosité et l’hospitalité sont d’ailleurs des traits de caractère communs à tous les habitants de cette île authentique.

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Vue aérienne de la pointe Teraipo et du village de Moerai . © P. Bacchet

Par ailleurs, Rurutu est une zone agricole aux nombreuses cultures: outre les choux, salades et les pommes de terre, des cultures plus traditionnelles comme celle du manioc ou du taro occupent une bonne partie des terres fertiles. On peut également trouver des bananeraies, des orangeraies, des cocoteraies ou encore des plantations de café qui feront le plaisir des yeux mais aussi des palais. Diverses plantations de pandanus servent à la confection de la vannerie si renommée de l’île et il n’est pas rare de pouvoir observer les « mama » – les artisanes – à l’œuvre avec grande dextérité. Outre sa richesse géologique et ses paysages fascinants, Rurutu est un lieu privilégié pour observer les baleines à bosses. Elles viennent se reproduire dans les ondes cristallines de cette zone du Pacifique avant de repartir vers les eaux glacées de l’Antarctique. Ainsi de juillet à Octobre, vous pourrez les voir le long du littoral grâce à des observatoires spécialement aménagés et pourquoi pas plonger au milieu de ces imposants cétacés.

Viriamu Teuruarii, guide, sur la plage de Vitaria. ©JP. Yuam
Calanque de Naairoa. ©JP. Yuam
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Une seconde grotte a également fait parler d’elle, celle de Te Ana Ae’o. En 1990, le Président de la République, François Mitterrand, de passage sur l’île pour officialiser le financement de la route traversière entre Moerai et Avera, assista à l’intérieur à une représentation de danses et chants traditionnels si bien qu’elle porte aujourd’hui son nom. Vous pourrez découvrir certaines grottes en vous promenant simplement le long du littoral, pour d’autres, comme celles de la pointe Mauo, il est préférable de faire appel à un guide qui ne manquera pas de vous conter les nombreuses légendes qu’elles renferment. Une autre légende bien connue des Rurutu concerne les sommets de l’île qui furent nommés, si on en croit la tradition orale, par le demi-dieu « Iro-i-te-pu-mana-tu » qui régnait sur Rurutu aux temps anciens. Afin de les baptiser il décida d’y envoyer ses lances à partir du village d’Avera. Sur le premier mont, aucune ne se planta, il le nomma Teape, « montagne de l’erreur ».

Régime de fe’i, bananes à cuire. © P. Bacchet
Caféier. ©JP. Yuam
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Entre religion et traditions

La population de Rurutu est de confession protestante à 80%. Contrairement aux autres îles de Polynésie française où l’évangélisation a été réalisée par des pasteurs d’origine anglo-saxonne, à Rurutu, ce sont des pasteurs polynésiens venus de Raiatea, qui ont évangélisé l’île. C’est pourquoi aujourd’hui, la ferveur protestante va de pair avec le maintien des traditions ancestrales comme par exemple le « Tere ». Le Tere a lieu tous les ans en début d’année. A cette occasion les habitants se rassemblent, pour réaliser un « tour de l’île » à pied, à cheval ou en voiture, en une sorte de convoi exceptionnel. En tête, un orero (orateur), déclame les légendes anciennes et l’histoire des lieux qu’ils traversent au son des percussions. A chaque halte, les anciens se remémorent, les jeunes s’instruisent et les plus forts se mesurent au lever de pierre. Ce sport traditionnel, consistant à porter sur l’épaule une pierre pouvant peser jusqu’à 150 kilos, était autrefois un rite de passage vers l’âge adulte ainsi qu’une démonstration de pouvoir entre les clans.

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Mme Kelly, femme du Pasteur. ©JP. Yuam
Tarodière Te Vai Avai. ©JP. Yuam

La civilisation du taro

Ramené d’Asie lors des premières migrations vers les îles du Pacifique Sud, le taro ou Colocasia Esculenta de son nom scientifique est devenu la plante la plus emblématique de l’archipel des Australes.

Autrefois, cette espèce de la famille des Aracées était l’un des rares produits de consommation des tribus qui peuplaient Rurutu ; le vol du taro dans le clan voisin était alors passible de mort et pouvait être à l’origine de guerres tribales sanglantes. Aujourd’hui, chaque parcelle appartient à une famille et se transmet de génération en génération. Sous les tropiques et plus particulièrement aux Australes, les saisons sont peu marquées, le taro peut alors être récolté tout au long de l’année. Cuit simplement à l’eau, le tubercule accompagne chaque repas des Rurutu, c’est un peu leur pain quotidien ; mais il est aussi consommé sous toutes les formes possibles : après avoir été cuit, écrasé à l’aide d’un « penu » (pilon), et avoir fermenté, il devient un excellent dessert dit « po’e » auquel on ajoute souvent du lait de coco; de plus, depuis quelques années, on le déguste sous forme de frites. Les jeunes feuilles peuvent également être consommées en « fafa », sorte d’épinard local.

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Ensuite, il ne reste plus qu’à repiquer la partie haute ou les rejets dans des trous à l’aide d’un plantoir en bois dur et à attendre 8 à 15 mois pour une nouvelle récolte. Lorsque les parcelles sont trop importantes, les agriculteurs pratiquent le « pupu » : ils font appel à leurs voisins et s’échangent des heures de travail. C’est pourquoi la culture du taro est l’exemple même de la vie communautaire, elle fait partie du patrimoine de l’île, puisqu’ajoutée à la pêche et l’élevage de porc, elle permet aux Rurutu de rester en autosuffisance alimentaire.

Vanaa Apia, cultivateur de taro. ©JP. Yuam

Le taro réclame beaucoup d’eau. On le trouve donc principalement dans les endroits humides à proximité des trois grands villages de l’île ou dans la vallée de Paparai. Un réseau ingénieux de canaux d’irrigation a été creusé à travers les tarodières et permet d’irriguer chaque parcelle. L’une des plus belles et des plus grandes tarodières de l’île est certainement celle de Te Vai Avai qui jouxte Avera, où vous pourrez admirer les hommes du village à l’œuvre par tous les temps. En effet, la culture du taro est une tâche difficile, traditionnellement réservée aux hommes. Après avoir retourné la terre, ces derniers doivent entièrement « pailler » la surface de leur parcelle à l’aide de palmes de cocotier et de feuilles de bananier. Le paillage permet alors de conserver l’humidité des sols, d’éviter la repousse des mauvaises herbes et constitue un compost naturel.

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Randonnée

 

De nombreuses randonnées sont possibles sur l’île, que vous soyez débutant ou grimpeur chevronné. Plusieurs guides vous proposent d’explorer Rurutu, à la journée ou à la demi-journée, que ce soit en randonnée pédestre, à cheval ou en safari 4×4. Il également possible de louer un véhicule ou des bicyclettes pour les plus courageux. Vous pourrez ainsi aller à la rencontre de nombreuses grottes comportant stalagmites et stalactites, de monts à la végétation luxuriante ou de plages au sable fin.

La cannibale aux doigts de fée

 

« Rua o ‘ina » (le trou de Ina) est une petite grotte située à l’ouest du Mont Manureva. On raconte qu’elle aurait été le repère d’une femme cannibale, Ina. Elle capturait les enfants qui venaient couper les « ru’i » (sorte de roseaux) pour en faire des torches ou des cannes à pêche. Un soir, elle captura deux jeunes garçons qu’elle ramena dans son antre. Alors qu’elle chantait, les garçonnets se mirent à danser. Leurs gesticulations la firent tant rire que les deux garçons en profitèrent pour s’enfuir. Alertés, les villageois décidèrent de lui tendre un piège avec filet de « nape » (cordelette en fibre de coco). Ina fut capturée et emprisonnée chez le roi et se laissa mourir de faim. Au fond de sa grotte, on retrouva des objets et des nattes tressées en pandanus, dont s’inspirèrent les femmes de Rurutu, aujourd’hui expertes dans l’art du tressage.

Rurutu généreuse et authentique
Rurutu généreuse et authentique
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Au cœur de l’archipel des Australes, cette petite île présente une nature préservée aux paysages variés et peu communs. Attachante et accueillante, elle charmera les visiteurs dès leur arrivée.
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Welcome Tahiti
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