Tahia : son nom s’affiche sur les façades de ses boutiques. Pourtant peu de gens savent que derrière ce nom et cette marque se cachent une entrepreneuse et créatrice polynésienne. « Se cache » est le terme approprié car, en dépit de son réel succès, Tahia Haring aime rester discrète sur elle-même, sa personnalité et son parcours, pourtant étonnant et exemplaire. Authentique fille de nos îles, Tahia est originaire de Moorea, l’île sœur de Tahiti, lieu profondément polynésien dans ses paysages et son esprit. Mais Tahia porte aussi des héritages divers avec un père d’origine suisse et une mère « demi », c’est à dire métisse marquisienne et étrangère comme le révèle son nom d’ailleurs. Une belle diversité à l’image des perles de Tahiti : « Depuis le début, je ne m’en lasse pas… Nous avons la plus belle perle au monde ! Elle peut présenter tellement de nuances de couleurs alors que les autres perles en présentent beaucoup moins. C’est une incroyable richesse que nous devons valoriser davantage ».
Une richesse dont elle s’est emparée pour tracer une belle route avec aujourd’hui six boutiques de sa marque Tahia Exquisite Tahitian Pearls à Tahiti, Morea et Bora Bora. Pourtant les débuts sont modestes pour la jeune vahiné dont le père travaille dans le domaine du tourisme à Moorea. Il met à sa disposition un emplacement en face du Club Med. « J’ai commencé comme cela juste avec la vente de perles nues dans un petit local de 3 m2 » sourit-t-elle. Le succès et les ambitions viennent rapidement. « Depuis toujours, j’aime et je suis attirée par le domaine de la mode et la création. J’ai ensuite découvert plus spécialement les perles et les bijoux. Puis j’ai suivi une formation dans une école de bijouterie aux États-Unis, en Californie, le prestigieux Gemological Institute of America où j’ai étudié, notamment la bijouterie d’art, le dessin mais aussi les particularités et le travail de la perle et des diamants ». Tahia passe une étape importante de son développement en vendant des bijoux montés et plus seulement des perles nues.
Il faut alors – comme dans bien des commencements – « mettre la main à la pâte » : elle réalise alors elle-même le perçage des perles, le collage des éléments mais surtout elle crée ses bijoux. Petit à petit, ses créations montent en gamme. « Avec ce que m’a apporté ma formation, j’ai commencé à faire des dessins plus élaborés. J’ai regardé aussi les revues de mode et de bijouterie. Au bout de quelques années, je me suis rendue dans les grands salons de bijouterie et je me suis mise en contact avec les grands fournisseurs d’apprêts (NDLR : les éléments composant les bijoux). Je travaille maintenant avec eux directement. » Les bijoux sont donc pensés, dessinés et créés à Tahiti par elle. Une partie de la fabrication se fait ensuite à l’étranger mais la finalisation intervient toujours à Tahiti ou Tahia emploie deux bijoutiers pour l’assemblage, la sélection des perles et leur pose.
À la fin des années 2000, la reconnaissance est au rendez-vous avec des récompenses internationales pour ses créations aux noms si évocateurs tel que « The Choral Garden » ou « New Moon in a choir of star ». « J’ai osé sur quelques pièces et cela a marché » dit-elle modestement. Tahia aime associer la perle aux pierres et métaux précieux. Une belle rencontre entre perles de qualité et or, or blanc, argent, saphirs, diamants etc… Un univers précieux et la volonté farouche de proposer la meilleure qualité tant au niveau des bijoux que du service à une clientèle composée essentiellement de visiteurs de nos îles…Son inspiration est en grande partie puisée dans l’environnement exceptionnel de Tahiti avec cette nature généreuse et ces couleurs tant vantées par les peintres et les photographes du monde entier. « Lorsque je parviens à avoir un moment tranquille, je vais à la Presqu’île de Tahiti ou à Moorea, je prend mon petit cahier et c’est souvent là que je me mets à faire des créations. ». Mais le vrai secret est aussi et surtout dans la passion pour son métier : « J’ai toujours aimé les belles choses et le beau se vendra toujours ! », sourit-elle.