Créée par un groupe de passionnés en 2003, cette course de voiliers est devenu un rendez vous incontournable dans le Pacifique-Sud. Equipages polynésiens et étrangers se mesurent dans la bonne humeur et la convivialité lors de traversées et de navigations au sein du magnifiques archipel des Iles Sous-le-Vent. Cette année encore, pour son dixième anniversaire, la “TPR” a été plus que jamais un challenge sportif, mais aussi l’occasion de rencontres festives et chaleureuses.
En 2003, la Tahiti Pearl Regatta est lancée par le Yacht Club de Raiatea, la société Moorings et l’hôtel Hawaiki Nui. L’impulsion décisive est donnée par un petit groupe d’amis et passionnés dont Henri Dejust qui créent l’association Raiatea Regatta. Leur souhait premier est d’organiser un rendez-vous annuel pour régater bord à bord dans l’un des plus beaux plans d’eau du monde. Au fil des ans, l’épreuve n’a cessé de gagner en notoriété à Tahiti et au niveau international parvenant à attirer en Polynésie française des équipages étrangers. La « TPR », comme la nomment ses aficionados aujourd’hui, présente deux caractéristiques atypiques. Mettant à l’honneur la convivialité et le partage, elle allie un réel challenge sportif à des rencontres festives, auxquelles sont associés les îliens. C’est l’occasion pour ces derniers de mettre en avant la culture locale et les richesses des Raromatai, nom donné en tahitien à l’archipel des Iles Sous-le-Vent, un des cinq du pays et théâtre de cette régate hors du commun. Le parcours change à chaque édition. Des modifications qui permettent de découvrir ainsi différentes îles de l’archipel : Raiatea, Tahaa, Bora Bora ou Huahine. Un cadre unique qui a fait la réputation et le succès de la TPR, une régate parmi les plus courrus du Pacifique Sud. Une trentaine de bénévoles et une cinquantaine de prestataires prennent le relais pour préparer l’événement et assurer la logistique sur les trois îles escales pendant les cinq jours de régate. Pour sa dixième édition, du 7 au 11 mai 2013, plus de 50 voiliers se sont engagés dans les quatre manches successives de la TPR. Voici le journal de bord !
Inauguration
Pour la journée d’ouverture, le mardi 7 mai, le ciel de Raiatea est chargé de nuages et les grains se succèdent à l’arrivée des derniers voiliers participants… Une météo de bonne augure, d’après une mamie présente sur le parvis du marché de Uturoa, localité principale de l’île, où les stands d’information et d’exposition ont été installés. Pour les dix ans de la TPR, une rétrospective de l’ensemble des éditions précédentes est présentée et des animations proposées tout au long de la journée. Plus de 300 équipiers de 9 nationalités différentes viennent s’inscrire à la régate sous le chapiteau d’accueil. Sur place, les régatiers comme le grand public peuvent participer à des activités nautiques : tours de catamarans ou initiation au stand up paddle. Une visite de la pirogue double traditionnelle Fa’afaite est également proposée. L’occasion de découvrir les conditions et techniques de navigation des anciens Polynésiens, ceux-là même qui ont accompli les voyages migratoires il y a plusieurs siècles au sein du triangle polynésien. La venue de Fa’afaite sur Raiatea, l’île sacrée, avec son marae (Lieu sacré dédié aux activités sociales, religieuses et politiques dans les cultures polynésiennes traditionnelles précédant la colonisation) emblématique de Taputapuatea rend hommage à ce haut lieu de diffusion de la culture polynésienne.
Une première étape musclée…
L’étape consiste à rallier Raiatea à Huahine, soit un parcours de 23,6 milles nautiques (44 Km) presque exclusivement en haute mer. Dès 8h du matin, ce jeudi 9 mai, les 54 équipages sont sur la ligne de départ, prêts à en découdre. Une fois sortis du lagon par la passe de Te Ava Piti, un vent de 17 nœuds Est-Sud–Est (localement appelé Maramu) et une houle de face aux creux de 3 mètres avantagent les gros bateaux. La météo se détériore soudainement avec des rafales de vent atteignant 35 nœuds et il faut alors slalomer entre les grains. Ces conditions handicapent davantage les petites coques dont certaines abandonnent la course. A l’issue de cette étape, malgré un peu de casse pour certains, le sentiment d’une vraie régate sportive réjouit l’ensemble des participants ensuite conviés à une soirée polynésienne dans la localité de Fare, transformé pour l’occasion en village traditionnel.
Un final haut en couleur
Le retour sur l’île de Raiatea, au portant avec une houle arrière favorable à la glisse offre un panorama coloré sur la flotte mouvante avec le ballet de ses spinnakers chamarrés. A peine arrivée à Raiatea, les voiliers repartent en direction de la pointe Te Otuheru pour un parcours menant à la pointe Te Tutava. Pour cette ultime manche, la lumière rasante du couchant donne une clarté irréelle aux voiles. Ancrés au milieu de cet océan Pacifique sont absents, les vainqueurs de la TPR reçoivent leurs prix le soir même, au motu Ceran. C’est sur le thème de la piraterie que cette édition se clôture en beauté, avec dîner, concert et dance floor survolté. Tout l’esprit de la Tahiti Pearl Regatta est là ! Et le rendez vous est pris pour la onzième édition.
La régate d’entraînement
Mercredi 8 mai 2013 à11h, un briefing est donné aux skippers par Isabelle Barbeau, présidente du comité de course et fine régatière de nombreuses fois médaillée, ainsi que Georges Korhel, arbitre de la Fédération Française de Voile,venu pour l’occasion de Saint-Tropez en France. Tous les types de voiliers peuvent participer sans limitation de taille. Les équipages sont inscrits sous deux catégories : monocoques ou multicoques. Parmi ces derniers, Nusa Dua, un superbe catamaran outremer de 45 pieds doté d’un “Parasailor” de 174 m2, en fait une voile hybride associant les qualités de portance d’une aile de parapente alliées à celles d’un spinnaker traditionnel. Le voilier Moemiti arbore quant à lui une reproduction d’un artiste local sur sa coque. Chez les monocoques, on trouve aussi bien des speed feet de 18 pieds (5,5m), les plus petits voiliers engagés dans la régate, qu’un énorme Oyster de 82 pieds du nom de Pandemonium. Chantier naval britanique de renom, Oyster Marine a organisé cette année, son premier rallye “Oyster Marine Around the World”, au programme duquel la TPR était inscrite. Un départ est spécialement réservé à ces voiliers. Les quatre départs échelonnés de la régate d’entraînement sont donnés dans le lagon de Uturoa permettant à chacun de prendre ses marques. En soirée, la parade nautique anime le quai de ses lumières et danses polynésiennes avant la première étape du lendemain.
Après la pluie, le beau temps
Une nouvelle journée de course pour les régatiers qui s’affrontent dès 8h30, ce vendredi 10 mai 2013, pour cette deuxième manche sur un parcours en “banane” de 14 Milles Nautiques (26 Km) le long de la côte de la superbe île de Huahine sous un vent soutenu de 15-18 nœuds. Après avoir subi la houle sur le parcours de la veille, les compétiteurs sont ravis de pouvoir profiter sereinement du lagon paisible qui décline ses notes turquoise. Au mouillage, en attendant la soirée organisée sur la plage du Relais Mahana à la pointe sud de Huahine iti, certains prennent le temps de parcourir le lagon en snorkeling, en paddle ou en « va’a tri », une embarcation à voile dérivée du va’a, la pirogue traditionnelle polynésienne.
La Polynésie française, un vaste espace maritime à explorer
Longtemps accessible uniquement par voie de mer, la Polynésie française ne compte pas moins de 118 îles réparties sur un territoire vaste comme l’Europe. Les terres émergées ne représentent que 0,7% de sa superficie totale. Ainsi, elle offre avant tout une multitude de vastes plans d’eau où le bleu se décline en camaïeux, des nuances sombres des eaux profondes jusqu’au turquoise des lagons. Au sein de ses cinq archipels, les distances entre les îles sont courtes, donnant aux navigateurs la possibilité d’effectuer de petites étapes pour découvrir atolls, motu (îlots) et îles hautes, liés depuis toujours à un imaginaire romanesque où aventure rime avec paradis perdu, nature luxuriante et douceur de vivre. Tahiti et ses îles demeurent aujourd’hui encore une destination d’exception et le passage obligé pour les circumnavigateurs ou des équipages en transpacifique. Pour expérimenter la plaisance de façon ludique et en toute sécurité, les îles de la société sont idéales, particulièrement les îles sous le vent (ou Raromatai en tahitien) qui rassemblent Huahine, Raiatea, Tahaa et Bora Bora. Chacune d’elle présente un large lagon qui offre des zones de mouillage protégées de la houle et l’absence de marées lunaires y simplifie la pratique de la voile.