Hors norme est le mot caractérisant le mieux le judoka Teddy Riner. Hors-norme par son gabarit mais aussi par son palmarès : premier titre de champion du monde à 17 ans, sept autres titres mondiaux, titres olympiques, européens et bien sûr nationaux. Mais on retiendra aussi sa simplicité et son engagement auprès des plus jeunes pour faire partager sa passion du judo. Il a choisi d’allier vacances en famille en Polynésie française et rencontres sur le tatami.
Rencontrer les jeunes judokas, le faites-vous régulièrement ?
Teddy Riner : Oui, si c’est la première fois en Polynésie française, je le fais aux Antilles, un peu partout en France et parfois même à l’étranger. Ce que je trouve intéressant ce sont les échanges avec les jeunes qui rêvent de briller un jour sur un tatami. Je suis là pour répondre à leurs questions, les aiguiller, peut-être aussi corriger quelques défauts techniques, ou bien leur apporter, justement, de la technique. C’est surtout pour moi l’occasion de leur dire que tout est possible dans la vie. Si ils S’ils ne lâchent rien et qu’ils croient en leur projet, ils iront loin.
Qu’est-ce qui vous a motivé pour venir rencontrer des judokas polynésiens ?
Entendre le nom Tahiti, motive déjà ! Tahiti n’est pas un « petit » nom, mais un nom qui fait rêver. D’ailleurs quand je disais à mes amis que je partais à Tahiti, je disais plutôt « Taaahiiitiiii » ! Je n’ai pas réfléchi deux fois avant de donner ma réponse… Cela me fait découvrir un nouveau pays, une nouvelle culture et j’en suis ravi. Beaucoup d’amis m’ont déjà parlé de Tahiti, Bora Bora et Moorea, j’avais une certaine curiosité. Mon ex-belle-sœur est tahitienne. Elle nous a souvent montré des photos et parlé de la culture polynésienne.
Les premières impressions lorsqu’on débarque de l’avion ?
J’ai adoré le très bel accueil à l’aéroport. J’ai déjà pu apercevoir ce qu’était la danse locale. J’ai vu des gens très joyeux et très accueillants. Je me suis réveillé très tôt le premier jour et j’ai pu voir le jour se lever, découvrir l’océan et prendre mon premier bain de mer. C’est pas mal quand même. On mange aussi très bien ici !
Vous teniez à visiter plusieurs îles pendant votre séjour en Polynésie, pourquoi ?
Je suis moi-même un îlien et je suis très attaché à la Guadeloupe. Je vais m’y ressourcer très souvent. Mais je suis aussi très curieux de ce qu’il se passe sur les autres îles et en particulier les Dom-Tom.
Et les judokas polynésiens, vous connaissiez leur niveau ?
Non, car je n’ai jamais combattu contre un Polynésien. Par contre, je sais que la Polynésie fournit des champions dans plusieurs disciplines. Je pense en particulier à Anne-Caroline Graffe en Taekwondo. L’Outre-mer offre de nombreux champions.
Quelles sont les questions que vous posent généralement les jeunes ?
Toutes sortes, parfois même des les plus farfelues ! La plupart du temps ce sont des questions sur mon statut de champion, sur ce qu’il faut faire pour être un champion, les entraînements et l’hygiène de vie. Il y a beaucoup de pédagogie à faire. Il y a beaucoup de questionnement parce que, souvent, les jeunes se cherchent. Moi, à leur âge, je ne savais pas si je voulais devenir un champion. Je me suis mis au judo parce qu’on m’a proposé cette discipline, mais c’est bien plus tard, vers 17 ans, que je me suis vraiment dit que je pouvais faire quelque chose de bien.
Est-ce que vous décelez parfois des graines de champion ?
On voit, chez les filles et les garçons, ceux qui sont prometteurs. Après, une carrière de sportif de haut-niveau n’est jamais écrite. Il peut y avoir une blessure ou de la lassitude. Quand on est adolescent, rien n’est fait.
Enfant, vous avez eu vous aussi l’occasion de rencontrer vos idoles ?
J’ai eu de la chance. J’étais dans le club de David Douillet, Djamel Bourras ou encore Fréderic Demontfaucon. Je les voyais tout le temps et à la fin de la saison, c’est eux qui nous remettaient nos ceintures pour le passage de grade.
Est-ce difficile pour les populations originaires d’Outre-mer de se faire une place dans le sport de haut-niveau ?
Oui, c’est plus difficile, et ceci dans tous les sports. Ce qui est difficile, c’est de quitter sa famille et un environnement qui est plutôt agréable : la mer, le soleil… Cela forme un cocon. Il faut changer tellement d’habitudes et entrer dans une autre culture, c’est très dur.
Quel est l’état d’esprit d’un champion comme vous ? ; il semble y avoir à la fois cette force et cette simplicité ?
Moi, dès 13 ans, j’ai été amené à évoluer sportivement avec un groupe plus âgé que moi. J’ai dû me prendre en main, grandir plus vite. Il n’est plus question de papa et maman. Et puis ensuite pour garder la tête sur les épaules, il y a le respect, et ça je crois que c’est avant tout une question d’éducation. Sinon, je pense avoir une certaine joie de vivre et être quelqu’un de positif.
Un film sur votre parcours est en cours de réalisation, est-ce que Tahiti sera sur la pellicule ?
Non malheureusement parce qu’une partie est déjà en cours de montage et il ne reste que très peu de scènes à tourner. Il s’agit de trois ans de tournage, trois ans de ma vie entre les championnats du monde de 2013 à Rio et les Jeux olympiques de Rio en 2016. L’idée de ce film est de montrer au grand public ce qu’est le sport de haut-niveau, son évolution et ses difficultés.
Propos recueillis par Alexandra Sigaudo-Fourny
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