En ce troisième millénaire, l’équipe de The Explorers Network a choisi de prendre le pouls de la planète en la filmant. Première étape : les îles de Polynésie française. Des terres et un océan comme on ne les a jamais vus grâce aux nouvelles technologies et leurs extraordinaires images et, également, d’enrichissantes rencontres avec des Polynésiens de nos cinq archipels.
Nos îles comme première étape
Une aventure qui devrait durer au moins cinq ans et parcourir les cinq continents. La première étape a été la Polynésie française, un choix qui s’est imposé à Olivier Chiabodo après une visite à Tahiti. « La Polynésie française est un sanctuaire marin, un espace unique de préservation, son éloignement en fait sa force. On sent également un lien fort entre ses habitants et cette nature, il était évident que ce territoire devait faire partie du projet. Nous avons également eu la chance d’avoir le soutien de la compagnie aérienne Air Tahiti Nui » Entre la préparation des reportages et les périodes de tournage, deux ans et demi se sont écoulés. Cette expédition du XXIe siècle trouve sa singularité dans les nouvelles technologies et les outils à sa disposition : 1, 2 tonne de matériels transportée sur un véritable bateau studio, un hélicoptère équipé pour des images aériennes incroyables, des caissons sous-marins pour filmer et prendre des photos sous l’eau, des drones et surtout des caméras en format dit « 4K ». En fait, des images en ultra haute définition pour une qualité cinéma qui permet de monter des longs-métrages. En tout, c’est 400 heures de rushes, le plus gros catalogue 4K au monde sur la Polynésie française qui vient d’être créé.
Les premiers reportages ont été diffusés en avril dernier sur la chaîne française TF1, mais aussi sur Tahiti Nui Télévision, TNTV, l’une des chaînes polynésiennes. La présence de The Explorers Network en Polynésie française c’est 14 films documentaires d’un format classique (52 minutes) diffusés dans le monde entier, un long-métrage en cours de préparation dont les images devraient être présentées aux États-Unis, des formats dédiés au web, mais aussi des reportages photos et, à terme, des ouvrages. Autant de supports différents pour découvrir ou redécouvrir la Polynésie française autrement.
Il sans doute dans la nature profonde de l’homme que de toujours explorer le monde qui l’entoure. À l’instar des grandes expéditions du début du XXe siècle, le projet The Explorers Network ambitionne de parcourir notre planète et d’en établir une photographie à « l’instant T » en constituant ainsi une base de données unique et en images sur les thèmes de la biodiversité, de l’ethnologie, de l’archéologie et de tout ce qui compose le patrimoine matériel et immatériel de la Terre. À l’origine de ce projet, de ce rêve un peu fou, Olivier Chiabodo, ancien animateur de la chaîne de télévision française TF1. Médecin de formation, il a toujours été sensible à la préservation de la planète, aux questions de l’environnement et de la place de l’homme sur la Terre. D’ailleurs, il n’en est pas à son premier essai puisqu’à la fin des années 1990, il produisait déjà des documentaires, Les Carnets de Noé, dans lesquels on découvrait à travers différents pays l’influence de l’homme sur son environnement, l’évolution ou la disparition de certaines ethnies, la faune et la flore, mais aussi le patrimoine culturel. « J’ai toujours voulu faire un check-up de la planète, sans avoir la prétention de la sauver. L’idée est plutôt de sensibiliser les gens à sa beauté. Mon concept a évolué depuis Les Carnets de Noé grâce à la technologie », explique Olivier Chiabodo qui a laissé dormir The Explorers Network dans un tiroir pendant plusieurs années avant de trouver un producteur prêt à le suivre dans cette aventure.
Une aventure humaine
Une Polynésie méconnue quand on survole l’île de Rapa, la plus méridionale des îles polynésiennes et la plus isolée car accessible uniquement par la mer ; une Polynésie magique lorsque l’on plonge au plus près des baleines à bosse venues se reposer dans ses eaux bienveillantes ; une Polynésie sauvage qui nous entraîne d’une vallée à une autre sur les traces des chevaux marquisiens ; mais aussi une Polynésie forte de ses traditions et de son histoire à travers les témoignages de ces hommes et de ces femmes qui peuplent cet endroit unique. Avec The Explorers Network, l’homme est au centre de tout. L’aventure est d’abord humaine : tant dans les témoignages des habitants rencontrés dans les cinq archipels qu’au sein de l’équipe, une cinquantaine de personnes, sans qui rien n’aurait pu se faire. Il y a les spécialistes de l’audiovisuel venus de France et dont le pool a été renforcé par des professionnels locaux. L’expérience de ces derniers en Polynésie, leurs réseaux et leurs connaissances ont ouvert d’autres perspectives, permis des rencontres inattendus. Il y a aussi l’équipage du Tahiti Nui 1, un des bateaux de la flottille administrative des autorités du pays qui s’est transformé en bateau-studio pour l’occasion. « Nous avons vécu tous ensemble avec cette idée de communauté. De vrais liens se sont tissés. Un peu dans l’esprit des explorations d’Yves Cousteau sur la Calypso, même si nous n’avons pas souhaité mettre en avant un personnage en particulier, un leader », précise Olivier Chiabodo.
Ainsi, on retrouve au fil des reportages les membres de cette expédition, tantôt sur le pont, tantôt dans l’eau ou dans les airs à l’image de cette vidéo de neuf minutes sur le site internet www.theexplorersnetwork.com qui raconte à travers Jacques, un des marins du Tahiti Nui 1, l’aventure extraordinaire qu’a été ce premier opus. L’autre différence avec le célèbre commandant Cousteau, c’est la parole donnée aux scientifiques locaux, aux populations. « Nous sommes venus pour les écouter eux, pas pour leur apprendre quelque chose. C’est leur regard sur cette terre qui nous intéresse. C’est cela que nous voulons conserver ». Rythmés par la lenteur du navire, les tournages se sont étalés sur plusieurs semaines, laissant à chacun le temps de percevoir la richesse de la Polynésie, de sentir son caractère exceptionnel et de vivre l’instant présent. « Ce rythme influence forcément les images que nous avons ramenées. Il nous a permis d’être attentifs à ce qu’on tournait. On n’a pas l’essentiel lorsqu’on débarque en avion sur une île, que l’on fait trois images et qu’on repart. Là, on avait le temps d’observer les îles alors qu’elles se découvraient à nous », raconte encore le créateur du projet.
Pour The Explorers Network l’aventure ne fait que commencer. Après la lumière et les couleurs des paysages polynésiens, c’est un tout autre univers qui attend l’équipe de tournage : l’Arctique, sa blancheur, ses aurores boréales, sa faune en danger et bien sûr ses peuples et leurs modes de vie. Puis ce sera le tour de l’Afrique, celle des animaux sauvages et des grands espaces avec la Namibie, le Kenya, l’Afrique du Sud, le Botswana. L’océan Indien ne sera pas non plus oublié puisque The Explorers Network nous donne rendez-vous dans les îles Andaman. Enfin, l’Australie pourrait clore le projet, mais l’équipe de The Explorers Network ne s’interdit pas d’autres destinations. On vous l’a dit, l’aventure ne fait que commencer.
Alexandra Sigaudo-Fourny