Originaire de Moorea, Tim Maiau est mannequin depuis six ans. Après des débuts à Tahiti, il s’est envolé pour les pays d’Asie du Sud-Est où il rencontre le succès.
Ton parcours pour en arriver là ?
Tim Maiau : J’ai commencé assez jeune sur Tahiti. J’ai réalisé mes premières publicités à 12 ans pour les marques Arnott’s, Rotui, et pour Suzuki. J’ai ensuite participé à la première campagne de Tahitian Move en 2009. Repéré par le créateur Alberto Vivian, j’ai pris part à plusieurs défilés : le concours de Marilyn Agency, Pull-In Tahiti, et de créateurs locaux – perles et vêtements – ainsi que plus récemment pour les 40 ans de Robert Wan. J’ai aussi réalisé quelques publicités pour Nescafé et Vini, entre autres. C’est en 2011 que ma carrière à l’étranger a commencé au Canada lorsque j’étais étudiant, puis en Thaïlande. J’ai signé avec Red Modelling, une agence très reconnue. Depuis, j’enchaîne les contrats en Thaïlande, en Malaisie, au Japon, et depuis peu à Hong Kong.
Ce qui te plaît dans le mannequinat ?
La liberté. J’ai la chance de voyager et de rencontrer des gens incroyables. Sans compter tous les privilèges dont je bénéficie en tant que mannequin… Le meilleur dans tout cela, est que je suis payé pour le faire. Que demander de plus ? La contrepartie est qu’il faut être mobile et savoir s’adapter car on est appelé à déménager tous les 3 ou 4 mois dans une nouvelle ville ou un nouveau pays. Les agences ne sont pas toujours disponibles pour nous guider, alors il faut savoir se débrouiller. Il faut aussi faire preuve d’une grande souplesse afin de gérer au mieux les imprévus.
Comment expliques-tu ton succès ?
Un bon mannequin homme est celui qui est photogénique, a un beau visage avec une mâchoire bien carrée. Je ne peux que remercier mes parents de m’avoir légué de si bons atouts ?! Ma grande taille, 1,89 m, a joué en ma faveur, surtout pour les défilés et autres évènements publics. Étant un grand sportif, j’ai un look plutôt athlétique et je me démarque des autres modèles masculins qui, ici, ont souvent des physiques plus minces. J’ai une longueur d’avance sur eux, surtout dans le marché des sous-vêtements et maillots de bain ! Je suis aussi un modèle polyvalent, je fais de la mode et de la publicité. Mon côté asiatique avec mes yeux bridés correspond tout à fait au profil recherché en pub ici. La personnalité du mannequin compte aussi beaucoup. Si les clients apprécient de travailler avec toi, c’est un gage de réussite. On dit souvent : « 70 % personnalité, 30 % physique ». C’est pour dire que tout n’est pas juste une question de beauté !
Les mannequins hommes sont-ils moins considérés que les mannequins femmes ?
On entend plus souvent parler de la carrière de femmes que celles d’hommes. Aussi parce que le public est différent. Les modèles féminins retiennent souvent l’attention des deux sexes, les mannequins hommes, eux, sont majoritairement populaires auprès de la gente féminine. Même si les mannequins femmes sont davantage reconnus que les hommes, je ne pense pas que les modèles hommes soient moins considérés. D’ailleurs l’homme a un avantage : sa carrière est souvent plus longue. Un homme qui prend de l’âge devient plus mâture, plus mystérieux et gagne même en sex appeal. Dans la conscience collective, les hommes vieillissent mieux que les femmes…
As-tu eu l’opportunité de travailler ou rencontrer des grands créateurs ?
Ayant récemment travaillé pour Calvin Klein, j’ai rencontré M. Kevin Carrigan, le directeur créatif de la marque mondiale alors de passage à Hong Kong. Lors de la Fashion Week de Bangkok, j’ai pu côtoyer un nombre de grands créateurs internationaux et locaux. J’ai également fait plusieurs parutions mode et éditoriaux, notamment pour Harper’s Bazaar Men Thailand, L’Officiel, Volume Magazine et Lips Love Magazine, pour lequel j’ai d’ailleurs fait la couverture. À Bangkok, j’ai beaucoup travaillé en publicité pour Coca-Cola, Samsung ou encore Lee Jeans. J’ai eu la chance de rencontrer sur les plateaux de tournage plusieurs grands acteurs et actrices locales, j’ai même joué au football avec l’équipe nationale de Thaïlande pour une publicité de boisson énergétique locale.
Tes projets ?
Pour le moment, j’envisage de poursuivre ma carrière en Asie. Plusieurs agences aux États-Unis et en Europe se sont aussi intéressées à moi au cours des derniers mois, j’espère que ces opportunités vont se concrétiser. J’aimerais aussi revenir un peu sur le Fenua, mon dernier séjour remonte à un an et ma famille me manque beaucoup. Je suis originaire de Moorea, de la commune de Haapiti Tiahura. Ma mère est une Tahitienne d’origine chinoise, et mon père est un Tahitien, un vrai local. J’ai une grande sœur et un petit frère. Outre ma famille, ce qui me manque le plus est le bodyboard, le lagon et, bien-sûr, le ma’a de chez nous.
Que penses-tu du milieu de la mode et de la création à Tahiti ?
Je ne suis peut-être pas la personne la plus qualifiée pour répondre à cette question, cela fait un moment que je suis parti du Fenua. Mais, j’ai suivi avec attention les grands évènements de la mode au Fenua, notamment les Fashion Week de Tahiti et de Hani Haring Création à Fidji. Je trouve très bien que Tahiti prenne le pas sur le monde de la mode à l’international en organisant de tels évènements, qui contribuent à promouvoir les créateurs locaux et leur accorder une plus grande visibilité. La prochaine étape sera de trouver des moyens d’exporter le savoir et l’originalité de nos créateurs sur la scène internationale.
À Tahiti, les hommes ne semblent guère faire d’efforts dans ce domaine, ils sont plutôt surfwear. Qu’en penses-tu ?
C’est vrai que la plupart des Polynésiens s’habillent de manière similaire : en vêtement de plage ou de surf. Les raisons sont diverses. Ici, nous n’avons pas vraiment de saisons, à l’instar des pays d’Europe ou d’Amérique du Nord. Notre « mode » et notre style vestimentaire sont donc plus « uniformes ». Les Polynésiens sont aussi du genre « pratique », et vont préférer des vêtements confortables dans lesquels ils se sentent à l’aise pour bouger. Nous sommes un peuple des îles et de la mer, notre style est donc influencé par notre mode de vie. Et puis je pense que les Polynésiens n’ont tout simplement pas d’intérêt ou ne voient pas la nécessité d’investir dans des vêtements plus « stylés », nos priorités étant plutôt aux équipements de sport et autres gadgets électroniques. Et puis l’offre est très limitée sur Tahiti en matière de vêtements importés haut de gamme ou haute couture. De plus, très peu de créateurs locaux se concentrent sur la mode pour les hommes. C’est à la fois une question d’offre et de demande.