Ua Huka, terre de contrastes

Ua Huka est une destination peu impactée par les activités humaines. La nature y est riche et généreuse, et l'accueil particulièrement chaleureux. Ici, les abords du village de Hokatu. © P. Bacchet© P. Bacchet© P. BacchetUn environnement quelquefois très minéral, mais qui est toujours empreint de beauté. Ci-dessous le Grand cratère, théâtre d'une randonnée pédestre particulièrement dépaysante. © P. Bacchet© P. Bacchet© P. Bacchet© P. BacchetLe passage de la goélette (ici en baie de Hane) est un événement à ne pas manquer. © P. BacchetUne population proche de la nature, épanouie et particulièrement accueillante. © P. BacchetUne population proche de la nature, épanouie et particulièrement accueillante. © P. BacchetPar tradition, les habitants se rendent quelquefois sur le motu Teuaua pour y récolter des œufs de sternes. Une ressource qu'ils gèrent consciencieusement. © P. BacchetUne faune exceptionnelle et protégée (Arr. n° 07729 du 24 08 2018) : le lori ultramarin (pīhiti). © P. BacchetUne faune exceptionnelle et protégée (Arr. n° 07729 du 24 08 2018) : un rassemblement de raies manta (avril 2017). © P. BacchetUne faune exceptionnelle et protégée (Arr. n° 07729 du 24 08 2018) : la rousserolle des Marquises (komako). © P. BacchetL'arboretum de Ua Huka. © P. BacchetLes randonnées pédestres, ou en 4x4, offrent des points de vue exceptionnels. © P. BacchetLe village principal de Vaipaee et sa « baie invisible » difficile d'accès pour les navires de ravitaillement. © P. Bacchet© P. Bacchet© P. Bacchet© P. Bacchet© P. Bacchet© P. Bacchet© P. Bacchet© P. Bacchet© P. Bacchet© P. Bacchet© P. Bacchet© P. Bacchet© P. Bacchet© P. Bacchet
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Île tout en contrastes, dont les vestiges volcaniques sont encore très apparents, cette terre du bout du monde est l’occasion de découvrir une Polynésie hors des sentiers battus, à la beauté brute et à l’environnement préservé.

Découvrir Ua Huka est assurément dépaysant. Presque sous l’Équateur, à quelque 1 300 km au nord-est de Tahiti, de quatorze kilomètres de long sur huit de large, c’est une des plus petites îles habitées du groupe dit « nord » des Marquises. Située à environ 20 minutes par avion de l’île principale de l’archipel, Nuku Hiva, on y accède après avoir embarqué à bord d’un petit aéronef d’une quinzaine de places. L’atterrissage se fait sur un aérodrome construit en 1972 – le plus ancien des Marquises – entre les deux villages de Vaipaee et Hane. Très différente des autres îles de la Terre des Hommes, Ua Huka est connue pour le sol sec de ses plateaux où de nombreux chevaux semi-sauvages broutent une maigre végétation. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles il est coutume de l’appeler « l’île aux chevaux », celle-ci étant peuplée, dit-on, de plus de chevaux que d’habitants. Relativement jeune – géologiquement parlant – elle est issue d’une activité volcanique survenue en plusieurs épisodes, remontant entre 1 et 3 million d’années. Se présentant sous la forme d’un large croissant ouvert sur le sud, Ua Huka est plus basse que les autres îles principales de l’archipel. 

Une origine géologique complexe

La formation géologique de l’île, qui culmine à 884 mètres d’altitude au mont Hitikau, est à l’origine du paysage actuel. La partie nord de l’île, nommée Terre déserte, descend doucement vers la mer en formant de petits vallons alors que sur les côtes sud et est se dessinent les principales vallées. À son origine, un volcan bouclier de type hawaïen né il y a environ 3 millions d’années qui s’est peu à peu effondré dans sa moitié sud lors de la phase terminale de son édification, entraînant la formation d’une grande caldeira (dépression) elliptique limitée par une falaise verticale. À l’intérieur de cette caldeira se sont édifiés un peu plus tard deux volcans plus petits. Enfin, environ un million d’années plus tard, l’activité volcanique a repris à l’extrémité ouest de l’île. Les cratères du Tahoatikihau et du Teepoepo, avec leurs formes circulaires caractéristiques, sont aujourd’hui encore parfaitement visibles et font d’ailleurs l’objet de randonnées spectaculaires.

Un environnement humain et naturel original

L’isolement relatif de l’île pendant une longue période, jusque dans les années 1970 avec la construction d’un petit aérodrome, l’ont préservée de transformations qui ont pu affecter d’autres destinations. À ce titre, Ua Huka séduira les voyageurs soucieux de découvrir un environnement préservé et une population qui a su conserver gentillesse et grand sens de l’hospitalité. Les habitants, (678 au recensement de 2017), vivent regroupés sur la côte sud, dans les villages de Vaipaee, Hane et Hokatu. De nos jours, l’économie de l’île repose essentiellement sur trois pôles principaux : le secteur primaire, l’artisanat et le tourisme. 

C’est une raison pour laquelle elle retient moins les nuages. Elle a de ce fait un climat beaucoup plus sec, et se caractérise notamment par des plateaux dont la couleur claire contraste avec celle, verdoyante, des vallées encaissées où pousse une végétation bien plus luxuriante. De vastes cocoteraies grimpent aussi à l’assaut de ses hauteurs. Son littoral, quant à lui, offre à la vue des paysages minéraux déchiquetés très esthétiques, la roche y joue de couleurs tirant sur l’ocre, au-dessus d’une mer déclinant des tons bleus et profonds. Des milliers d’oiseaux survolent les falaises où ils nichent ainsi que les îlots rocheux qui entourent l’île. On en a ainsi recensé 35 espèces, marines et terrestres, dont 8 endémiques. L’île est aussi très riche au niveau archéologique et l’on y trouve me’ae (édifices sacrés, appelés marae en tahitien), tikis et pétroglyphes gravés autrefois dans la pierre. Malgré sa petite taille, Ua Huka possède plusieurs musées et un jardin botanique, le fameux arboretum de Papuakeikaa. Elle est aussi réputée pour la finesse de son artisanat.

La sixième île de la Terre des Hommes

Ce n’est que bien plus tard, vers la fin du premier millénaire de notre ère, que Ua Huka a été habitée, lors des migrations qui ont contribué au peuplement de la Polynésie orientale, et plus particulièrement des îles Marquises. Il existe de nombreux sites archéologiques sur l’île ; qui ils sont les témoins de cette occupation ancestrale qui s’est déployée sur le littoral sud, et un peu à l’ouest, jusqu’au début du XIXe siècle. Depuis une soixantaine d’années, plusieurs missions archéologiques ont documenté ces vestiges dont les traces sont essentiellement lithiques : soubassements de murs de terrasses horticoles et d’enclos, tohua (place de rassemblement communautaire) paepae (pavages d’habitations)… Cette époque est aussi restée présente en des traces immatérielles liées à la culture orale marquisienne, à commencer par le nom de l’île. Selon la légende de création des six îles principales des Marquises, Ua Huka est celle qui termine la construction de la maison du dieu Oatea qui donna une fonction architecturale à chacune d’entre elles. Ua Huka symbolise le trou (ua) dans lequel il déposa les restes (huka) des matériaux non utilisés lors de leur construction.

L’élevage de chevaux en liberté, le coprah mais aussi la pêche constituent leur base économique. Ils pratiquent aussi la chasse aux chèvres sauvages, le ramassage de coquillages et de crustacés (langoustes, crabes…), des œufs d’oiseaux de mer, ainsi que la cueillette de fruits. Autant de richesses culinaires servies à la table des pensions de famille qui proposent une cuisine locale simple mais goûteuse. Des artisans se sont spécialisés dans la sculpture sur bois (casse-têtes, lances, récipients et bracelets…), pour laquelle les habitants de Ua Huka sont réputés. D’autres travaillent la pierre (tikis, pilons…), l’os (pique-cheveux, pendentifs), les plumes (parures), ou produisent du monoï, des confitures ou d’autres produits dérivés de fruits. Le tourisme, quant à lui, permet aux habitants d’écouler leur production artisanale, notamment lors des visites régulières des passagers du cargo mixte Aranui 5, toutes les 2 à 3 semaines.

Avec ses quatre musées et ses trois centres artisanaux, Ua Huka offre de beaux exemples des instruments domestiques, rituels et guerriers, autrefois utilisés par la population et qui inspirent toujours les artisans d’aujourd’hui, réputés pour leur savoir-faire. On pourra aussi visiter l’arboretum de Papuakeikaa, qui rassemble des plantes endémiques polynésiennes et plus de mille espèces d’arbres en provenance du monde entier, dont une importante collection générique d’agrumes. 

Une destination « différente » 

Moins connue que Hiva Oa, qui accueillit Gauguin et Brel, ou encore que Nuku Hiva, la capitale administrative des Marquises que les écrits de l’écrivain américain Melville ont rendue célèbre, Ua Huka n’en est pas moins à découvrir. Un court séjour de deux ou trois jours permettra d’en explorer le littoral, ses falaises et ses îlots rocheux, que surplombe la route tortueuse qui relie les trois villages. La vue sur ses baies ne laissera pas non plus indifférent, tout comme le spectacle du débarquement parfois sportif des cargaisons de la goélette Taporo qui relie cette île au reste du monde par la mer. La visite du site archéologique de Meiaute sur les hauteurs de Hane, avec ses tikis de tuf rouge, donnera une idée de l’architecture traditionnelle. La piste traversière qui mène de Hane à Hokatu, après avoir quitté ce site, permet une balade pédestre facile et très agréable entre les deux baies.

Un séjour plus long permettra une découverte à bien des égards fascinante de cette île aux paysages grandioses façonnés par les éléments, loin de l’agitation et du bruit. Sous la conduite de guides ou de responsables de pensions, une marche en montagne de quelques heures offrira au visiteur une vue unique en Polynésie française, sur des cratères parfaitement circulaires (Tahoatikihau et Teepoepo) qui rappellent son passé volcanique, tout en découvrant de spectaculaires points de vue sur un littoral tourmenté.  Une randonnée dans le parc de Vaikivi, réserve naturelle protégée au centre de l’île, permettra de cheminer au sein d’une végétation largement préservée depuis des siècles et abritant des trésors archéologiques, notamment des pétroglyphes. Riche d’une biodiversité unique de par sa faune aviaire et marine, Ua Huka, encore indemne du rat noir, est aussi l’île où survivent actuellement des espèces d’oiseaux terrestres endémiques de l’archipel. Quant aux oiseaux marins, ils nichent en nombre dans les falaises et sur les îlots rocheux. Les motu Hemeni et Teuaua, l’un plat et de couleur blanchâtre, l’autre escarpé et rouge, sont appréciés des habitants qui viennent y prélever des œufs de manière raisonnée. Leur accès, néanmoins sportif, est aussi proposé (selon l’état de la mer) aux visiteurs qui le souhaitent. Dans le même secteur, ceux-ci pourront aussi contempler les rondes majestueuses des raies manta qui se nourrissent dans les eaux de ce littoral riche d’une grande biodiversité.

Claude Jacques-Bourgeat

Centres artisanaux
 
 

On trouve dans chaque village (Vaipaee, Hane, Hokatu) un centre d’exposition artisanal où sont exposées et vendues les œuvres des associations artisanales de l’île. Tous les ans au mois de juin, un concours de copies d’objets anciens est organisé entre les artisans de Ua Huka. Les objets primés sont exposés sur le site de Te Tumu, dans une salle mitoyenne au musée archéologique. Ici, les artisans du village de Hokatu s’activent à la confection de parures traditionnelles et de couronnes, à la gravure de noix de coco, à la sculpture sur bois et sur pierre, à la fabrication du monoï parfumé et au tressage du nape (fibres de coco).

Musée

Le musée archéologique municipal

Auparavant situé à Vaipaee, il a été transféré en 2015 sur le site de Te Tumu, au-dessus de l’aérodrome. Il présente de manière très agréable et claire des documents à caractère ethnographique de différentes matières (bois, pierre…), précieux témoignages de la culture marquisienne : objets familiers traditionnels, poteaux anthropomorphes en bois, tikis…

Le musée de la Mer

Situé à Hane. On peut y voir une exposition des techniques de pêche traditionnelles, une collection de pirogues de toutes les époques, réalisée par Joseph Vaatete, le conservateur du musée archéologique.

La maison du Pétroglyphe

Ce petit musée, situé aux abords de la plage de Hokatu, propose des moulages de pétroglyphes découverts dans l’île, dont de nombreux en des endroits difficilement accessibles de nos jours.

Centre Te Tumu

Ua Huka a accueilli en 2013 une édition du festival des Marquises regroupant des délégations des six îles habitées de l’archipel. Un site de spectacle, Te Tumu, a été construit pour l’occasion et il accueille depuis lors le musée municipal.

Ua Huka, terre de contrastes
Ua Huka, terre de contrastes
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Île tout en contrastes, dont les vestiges volcaniques sont encore très apparents, cette terre du bout du monde est l’occasion de découvrir une Polynésie hors des sentiers battus, à la beauté brute et à l’environnement préservé.
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