Star incontournable, l’acteur Vincent Cassel incarne le rôle du célèbre peintre Paul Gauguin dans le très attendu film du réalisateur Édouard Deluc dont la sortie est prévue en 2017. Une grande partie du tournage s’est faite à la presqu’île de Tahiti, sur les communes de Teahupo’o et de Tautira en septembre et octobre 2016. Rencontre avec la star française qui nous en dit plus sur ce tournage mais aussi sur sa rencontre avec la Polynésie française.
Est-ce la première fois que vous vous rendez à Tahiti ?
Vincent Cassel : Oui. Avant de venir, j’avais en tête beaucoup de clichés sur Tahiti. J’étais aussi très excité principalement à cause de la mer et de l’aspect surf. Évidemment, je n’ai pas accepté de faire le film juste pour surfer à Tahiti mais pouvoir aller dans un endroit aux vagues paradisiaques, cela m’attirait énormément. Je suis arrivé sans a priori et je dois dire que je suis tombé un peu sous le charme. Ce que j’avais entendu à propos des gens d’ici était vrai. Ils sont extrêmement attentionnés, doux, très généreux. À la Presqu’île, où nous tournons, j’ai été frappé par cet état d’esprit.
L’environnement, il vous a marqué aussi ?
Il est absolument incroyable. Je ne comprends pas comment on peut vivre sur cette île et ne pas vivre pleinement la mer… Elle est tellement incroyable avec ces lagons, ces récifs, ces platiers et toute cette faune. On nage avec les baleines et les raies… On en voit partout… Une chose est sûre : je reviendrai !
Vous êtes surfeur ?
Oui ! De piètre qualité, mais j’adore cela. D’ailleurs ne dit-on pas que le « meilleur » surfeur est celui qui s’amuse le plus ? J’ai eu la chance de rencontrer les bonnes personnes. Elles m’ont fait découvrir les passes, les spots et les spécificités. Hira Teriinatoofa, Matahi Drollet, Tikanui Smith et toute l’équipe tahitienne qui s’est illustrée dans le film de la Nuit de la Glisse et qui m’a « drivé ». C’est un peu un rêve d’avoir accès à ce monde du surf polynésien et de rencontrer les gens qui sont les plus forts dans ce domaine.
Pour en revenir à Gauguin, ce qui vous a poussé à accepter ce rôle ?
J’aime bien les personnages un peu troubles. Depuis le début, avec le réalisateur, on se dit qu’on ne veut pas faire un film de peintre. De mon point de vue de spectateur, un film de peintre est un peu « chiant ». Dans le scénario, nous nous sommes constamment concentrés et recentrés sur l’histoire et le parcours de Gauguin : son anticonformisme, sa foi en lui-même, sa volonté, son désir et sa force d’être différent. Je suis admiratif de ces aspects. Après, tout un pan du personnage est beaucoup plus sombre. C’était quelqu’un qui avait tendance à se mettre en scène. Il se représentait d’une manière guerrière, beaucoup plus virile qu’il ne devait l’être dans la réalité. Pour moi il était important de laisser cette part du personnage, de laisser planer ce trouble. Ce n’est pas un mec sympa Gauguin, c’est un mec puissant ! Je trouve intéressant de dévoiler la force de caractère d’un homme aussi emblématique. La question est de savoir où des gens comme lui puisent leur force. Souvent dans leur démon. Il croyait en ce qu’il faisait alors que personne ne considérait sa peinture. Personne n’achetait ses tableaux. Mais il continuait à croire en lui. Une de ses phrases m’a marqué : « Pourquoi voulez vous que je suive les maîtres alors que justement les maîtres sont devenus maîtres parce qu’ils n’ont suivi personne ».
Il avait une très haute opinion de lui…
C’est la moindre des choses. Souvent quand les gens osent être ce qu’ils sont, il leur est reproché d’avoir une très haute opinion d’eux-mêmes. La vérité est qu’il faut du courage pour avoir une haute opinion de soi-même. Il est souvent plus facile de baisser les bras et d’avoir une piètre opinion de soi-même.
Le tournage à Tahiti se passe bien ?
Je vais vous dire : ce tournage est celui qui s’est le mieux passé de tous ceux que j’ai faits. D’abord, nous sommes contents de ce que l’on a fait. Les rushs sont satisfaisants pour tout le monde. Le site est adorable. Les gens d’ici sont adorables. Et puis il y a les à-côtés. Si on est prêt à embrasser un peu l’art de vivre tahitien – parce que je le décris vraiment comme un art de vivre – alors je pense qu’on est très heureux ici. Et c’est mon cas, donc je suis très heureux.
Propos recueillis par Ludovic Lardière